Pour conclure l’année après nos publications sur le constat du déclin des oiseaux en Auvergne-Rhône-Alpes, faisons le point sur le dernier groupe étudié par nos bénévoles et équipes salariées : les oiseaux « généralistes ».
Qui sont-ils ? Quelles sont les tendances d’évolution ? Pourquoi ? On vous dit tout !
Le constat général
Les oiseaux généralistes sont ceux qui se sont le mieux adaptés aux transformations profondes que l’humanité moderne a engendré sur les paysages.
Différents termes sont utilisés en écologie pour les caractériser. « Ubiquiste » ou « opportuniste » sont des synonymes de « généraliste », pour dire qu’une espèce a une niche écologique très large et peut donc s’adapter à des conditions environnementales très différentes.
Le merle noir, le pinson des arbres, la mésange charbonnière ou encore le pigeon ramier nichent partout où ils trouvent des arbres, en forêt comme en dehors, en plaine, en montagne, en ville, à la campagne, dans une zone humide comme dans un parc urbain ; leur seule « exigence » étant la présence d’arbres.
Ils nichent donc potentiellement partout, sauf au milieu d’un champ de maïs ou sur les sommets alpins.
Bien entendu, leur densité ne sera pas la même partout car la capacité d’accueil des milieux est plus élevée dans un paysages bocager diversifié qu’en centre-ville ou dans d’immenses champs de céréales sans aucune haie.
Le point commun des généralistes est de se satisfaire de peu et s’adapter à presque tout. C’est pour cette raison qu’ils s’en sortent mieux que les oiseaux spécialisés dans un type de milieu bien particulier (agricole, bâti, forestier).
Quelques spécificités tout de même…
Attention cependant, car rien n’est strictement strict dans la nature ! Certains généralistes le sont moins que d’autres.
Certaines espèces sont dites « généralistes » par endroit mais ne le sont pas partout. L’accenteur mouchet peut nicher partout (ou presque) où il trouve des buissons, des bosquets, des haies, même dans les parcs et jardins des grandes villes, dans le tiers nord de la France.
En revanche, dans la moitié sud du pays, il se cantonne plutôt dans les milieux frais de moyenne montagne. Sa présence à la mangeoire en hiver en plaine ne doit pas laisser croire qu’il niche dans le secteur, car ces hivernants sont des migrateurs venus des montagnes proches ou du nord de l’Europe. Cette répartition particulière laisse supposer que l’accenteur va probablement régresser face au changement climatique. Les données en Auvergne-Rhône-Alpes montrent d’ailleurs un déclin modéré à fort de cet oiseau.
Donc même si, en moyenne, les généralistes se portent mieux que les autres, certains sont en augmentation pendant que d’autres régressent.
Par exemple, le pigeon ramier est en nette augmentation. Il niche partout et semble plutôt profiter du changement climatique.
La fauvette à tête noire et la mésange bleue sont elles en légère augmentation. Elles nichent partout où elles trouvent des buissons, ne sont pas des insectivores stricts, et n’ont donc pas d’obligation à migrer vers le sud en hiver, ce qui semble être un avantage.
À l’inverse, le rossignol philomèle ou l’hypolaïs polyglotte régressent légèrement. Ce sont des insectivores stricts qui n’ont d’autre choix que de migrer vers l’Afrique pour passer l’hiver.
Tendances par espèce
Espèce | Tendance 2014-2023 |
Accenteur mouchet | – 40.6 % |
Fauvette à tête noire | + 7,6 % |
Hypolaïs polyglotte | – 25,2 % |
Merle noir | – 5,8 % |
Mésange bleue | + 8,8 % |
Mésange charbonnière | + 0,3 % |
Pigeon ramier | + 55 % |
Pinson des arbres | – 4,3 % |
Rossignol philomèle | – 5,3 % |
Quelques conseils pour aider les oiseaux
Les oiseaux généralistes se portent mieux que les autres, tant mieux ! Mais ça ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire pour eux.
Ils pourraient être plus nombreux et se porter encore mieux un peu partout si on acceptait de leur laisser un peu plus de place.
Planter une haie indigène, créer une mare ou poser un nichoir sont autant d’aménagements pour les aider à nicher et à trouver plus de nourriture pour élever leurs poussins, en ville, à la campagne, en forêt ou dans les champs.
En bref… une petite mare c’est mieux que pas de mare du tout !
Aussi, préférez une haie de ligneux indigènes (troène vulgaire, viorne lantane, sureau noir, chèvrefeuille…) qui fleurit, fructifie et attire insectes et oiseaux à une haie paysagère (photinia, laurier, forsythia, eleagnus…) qui sert uniquement de brise vue.
Et bien sûr, laissez un petit coin du jardin sauvage, sans tonte, pour laisser la nature s’exprimer !
Ce projet est soutenu financièrement par la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes et la Région Auvergne-Rhône-Alpes.