Plus grand lézard Européen, le Lézard ocellé peut encore être aperçu dans le sud-ouest du Cantal, dans la vallée du Lot et dans le bassin calcaire de Maurs. Impressionnant par sa taille, il se reconnait à ses flancs ornés d’ocelles bleus. Espèce emblématique locale, le Lézard ocellé fait l’objet d’une attention toute particulière de la LPO qui mène sur le territoire un programme de conservation pour favoriser le développement de la population locale ainsi que les déplacements et échanges entre les différents noyaux de population du sud-ouest du Cantal.
Les différentes études menées ces dernières années font état d’un déclin généralisé des populations françaises. De par son état de conservation défavorable et la dégradation généralisée de ses habitats, la préservation du Lézard ocellé représente un enjeu fort au niveau national.
Les causes du déclin du Lézard ocellé
Le Lézard ocellé est principalement menacé par la perte de son habitat et la fragmentation de ce dernier. Ce reptile est très sensible à la déprise agricole (déclin du pastoralisme, abandon des vergers,…) qui conduit généralement à l’enfrichement des terres. L’abandon des techniques de construction en pierre sèche, offrant de nombreuses possibilités de refuge, lui est aussi préjudiciable. La population française de Lézard ocellé connait un déclin notable, notamment en marge de son aire de répartition.
La situation auvergnate
La vallée du Lot forme une frontière naturelle entre les départements du Cantal et de l’Aveyron sur une dizaine de kilomètres. Le versant cantalien, exposé au sud (communes de Vieillevie et Cassaniouze), bénéficie d’un bon ensoleillement et d’un climat plutôt chaud et sec. Sur ce territoire sont présents des coteaux thermophiles où alternent landes sèches et affleurements rocheux aujourd’hui en régression et dans une dynamique de fermeture du fait de l’abandon des activités agricoles (viticulture, maraîchage, vergers, etc…). Les nombreux coteaux, autrefois cultivés et aménagés en terrasses sont aujourd’hui boisés. Aussi, les murets de pierre-sèche, indispensables au Lézard ocellé, qui sillonnaient autrefois ces parcelles et formaient des terrasses viticoles se sont dégradés au fil du temps, colmatés par la terre ou recouverts par le lierre.
Le Lézard ocellé subsiste dans cette vallée, principalement dans les hameaux au bord du Lot, où il trouve encore des milieux ouverts et des gîtes essentiellement artificiels : murets, jardins, cimetière, etc… Malgré cette proximité avec les humains, il reste une espèce discrète et très peu connue par le grand public, souvent confondu avec le Lézard à deux raies (anciennement nommé Lézard vert) beaucoup plus répandu.
Le Lézard ocellé a été aperçu en plusieurs localités le long de la D141, qui traverse toute la zone. Les talus routiers avec des murs de soutènements en pierre-sèche sont particulièrement attractifs et forment une trame intéressante bien que morcelée. Ce fin cordon est en lien avec les communes Aveyronnaises du Fel, à l’est, et de Grand-Vabre, à l’ouest, où la présence du Lézard ocellé est avérée. La RNR des coteaux du Fel (gérée par la LPO Aveyron), abrite d’ailleurs l’un des plus importants noyaux de population de ce territoire.
La LPO en action
En France et en Europe, l’espèce est protégée, mais pas son habitat, ce qui fait sa vulnérabilité. Le Lézard ocellé est inscrit comme « vulnérable » sur la liste rouge des reptiles de France métropolitaine, ce qui signifie qu’il est confronté à un risque élevé d’extinction.
Le Plan National d’Action mis en place entre 2020 et 2029 définit les principaux facteurs dont dépendent la préservation des populations :
- La conservation des habitats favorables au Lézard ocellé ;
- La gestion adaptée des milieux utilisés par l’espèce ;
- La prise en compte du rôle du Lapin de garenne dans la dynamique des habitats et dans le maintien des populations de Lézard ocellé (principalement pour les populations « atlantiques ») ;
- Le maintien ou le rétablissement des corridors écologiques permettant le déplacement d’individus entre noyaux de populations.
Ce dernier point concerne de près le secteur d’intervention ciblé par la délégation Auvergne de la LPO AuRA. En effet, la vallée du Lot joue un rôle de corridor écologique indispensable à la préservation sur le long terme du Lézard ocellé dans ce secteur, en limite de son aire de répartition. Une action de restauration et de renforcement de cette continuité s’avère stratégique dans une optique de pérennisation de cette population « nordique » de Lézard ocellé. L’action de la LPO s’est donc concentrée sur le maintien ou le rétablissement des milieux favorables à l’espèce permettant le déplacement d’individus entre noyaux de populations.
Favoriser l’installation d’agriculteurs pour rouvrir le milieu
La LPO a acquis en 2022 une parcelle, aux Fontanelles, afin d’en faire une zone refuge pour la biodiversité, et notamment pour le Lézard ocellé. Cet achat ciblé permet à la fois l’installation de nouveaux agriculteurs et la réouverture des milieux. Le travail sur l’aide à l’installation d’agriculteurs sur le territoire peut être considérée comme l’action centrale de ce programme. L’objectif était d’acheter des parcelles à mettre à disposition de porteurs de projet agricole sur le territoire pour favoriser leur implantation et la pérennité de leur projet. La recherche de projets agricoles atypiques et adapté aux milieux a été faite avec Terre de Liens et la Cant’ADEAR.
Un partenariat a été engagé avec Fabien Lénik et Sylvie Rémy, couple de berger. L’installation de leur activité d’élevage ovin laitier avec transformation en agriculture biologique s’est concrétisé en avril 2021. L’achat des terrains de landes et friches à remettre en pâture pour recréer des habitats favorables au Lézard ocellé s’est quant à lui concrétisé le 14 juin 2022. Le site offre un très bon potentiel de restauration d’habitat en faveur du Lézard ocellé de par ses caractéristiques thermophiles, son orientation au sud-est et les nombreux gîtes potentiels qu’on y trouve (murets, tas de pierres…). Les prospections de terrain dans cette zone confirment l’intérêt de la parcelle des Fontanelles avec plusieurs observations de lézards ocellés à proximité directe, ce qui augmente les chances de colonisation du site après la réalisation des travaux envisagés.
Construire et restaurer des ouvrages en pierre-sèche
- 2021 à 2022
Des chantiers de construction et de restauration de murets en pierre-sèche, en partenariat avec des artisans spécialisés dans les techniques de construction en pierre-sèche, les Scouts et Guides de France et des agriculteurs partenaires du projet, ont ainsi été réalisés tout au long de 2022 afin de redonner leur rôle de refuges à ces ouvrages. En octobre, Yannick Delmas, artisan spécialisé, a construit avec son équipe des murs de soutènements en pierre-sèche sur un coteau pâturé manquant de micro-habitats de la commune de Vieillevie. Les terrasses ainsi aménagées sont maintenant converties en pré-vergers entretenus par les moutons.
Cette action a été financé par le Plan France Relance ainsi que par un mécénat de l’entreprise CEMEX.
En savoir plus ici.
- 2023
Au printemps 2023, un chantier de construction de trois murs de soutènements en pierre-sèche a eu lieu sur la parcelle des Fontanelles, propriété de la LPO. Ce chantier a été financé par la Fondation du Patrimoine et la DREAL. Un projet de plantation de vignes sur les terrasses ainsi créées est actuellement à l’étude.
Sensibilisation et communication
- 2021
Création d’un dépliant à destination du grand public (locaux, touristes, etc…) présentant le Lézard ocellé, le contexte local, les enjeux liés à sa conservation et expliquant comment l’observer et comment agir en sa faveur (bonnes pratiques dans les jardins, etc…). A télécharger ici.
- 2022
Conception d’un panneau présentant le Lézard ocellé dans le contexte de la vallée du Lot dans l’objectif d’accroitre la prise en compte du reptile par les différents acteurs du territoire. A retrouver sur le parking des berges du Lot, dans le centre bourg de Vieillevie et sur le parking de la plage de Saint-Projet.
2 animations Grand-Public ont été proposées aux habitants du territoire pour les sensibiliser à cette espèce discrète et méconnue.
- 2023 : Fête de la Nature et de l’Agriculture paysanne
Le jeudi 27 juillet 2023, une soixantaine de personnes se sont retrouvées sur les chemins de la vallée du Lot, de Vieillevie jusqu’aux Fontanelles, à la découverte du Lézard ocellé et de la biodiversité locale. Cette excursion dans les magnifiques paysages de la vallée du Lot s’est achevée par la dégustation d’une assiette du terroir sur le terrain de la LPO.
Cette journée a été l’occasion d’inaugurer les travaux réalisés sur la parcelle de la LPO pour favoriser le Lézard ocellé, dans le cadre du projet financé par la fondation du patrimoine (murs en pierre-sèche, terrasses).
Un temps d’échange avec le châtelain de Vieillevie a également permis de découvrir l’histoire du château, authentique forteresse défensive inscrite aux Monuments Historiques.
Journée découverte de la biodiversité locale et de l’agriculture paysanne organisée par le Comité d’animation de Vieillevie et la LPO.
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Le programme de conservation du Lézard ocellé est co-financé par le plan France Relance, la Fondation du Patrimoine, la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes, l’Union européenne, l’entreprise CEMEX.
