La Ferme de Sarliève : un projet agricole de « Terre de Liens » résolument tourné vers l’avenir

La Ferme de Sarliève (https://www.fermedesarlieve.org/) se développe sur un ancien marais asséché au sud de Clermont-Ferrand ; une plaine de 600 ha exploitée par une agriculture industrielle : grandes cultures en conventionnel pour les circuits longs et l’exportation : blé, maïs, tournesol…

Plaine de Sarliève
Plaine de Sarliève – François Guelin

À partir de la seconde partie du 20ème siècle, ces terres d’une grande qualité agronomique ont été régulièrement grignotées par l’expansion urbaine. La moitié est aujourd’hui artificialisée, avec la construction de la Grande Halle et du Zénith d’Auvergne.

Une opportunité foncière a déclenché l’enthousiasme au sein de Terre de Liens Auvergne avec ces terres stratégiquement situées à l’entrée Sud de la métropole clermontoise avec de fortes potentialités agricoles, des enjeux de souveraineté alimentaire, une forte visibilité – situées le long de l’autoroute A75 et face au Zénith d’Auvergne, elles sont surplombées par le plateau de Gergovie. C’est aussi une extraordinaire opportunité de construire un projet expérimental et évolutif : renaturation, conversion en bio, diversification, le tout porté par une structure collective dans une logique inclusive et de mobilisation citoyenne.

Plaine de Sarliève
Plaine de Sarliève – François Guelin

Quelle est la place de la LPO dans ce superbe projet ?

De nombreux adhérents de la LPO sont aussi adhérents de Terre de Liens, et dès le début du projet, la LPO est actrice en participant aux chantiers bénévoles, et réalisant un suivi de la biodiversité, et en participant au groupe de travail consacré à l’environnement. En 2022, la LPO AuRA a officiellement intégré le collège « acteurs Solidaires & sociaux » de la structure foncière « Ferme de Sarliève », et peut ainsi participer, aux côtés de nombreux autres ONG, à cette participation citoyenne très novatrice.

Quelle biodiversité à Sarliève ?

En 2021 et 2022, les naturalistes de la LPO ont étudié de près la biodiversité du site. Pour les oiseaux nicheurs, « l’état zéro » (téléchargeable dans l’encart ci-contre) est contrasté : seulement 6 espèces nicheuses, dont une seule , l’Alouette des champs (26 couples), est réellement liée aux milieux agricoles (avec à la marge la Bergeronnette printanière qui compte 17 couples).

Rousserolle effarvatte
Rousserolle effarvatte – François Guélin

Mais ce qui fait l’originalité dus site, ce sont ses « rases » de plusieurs kilomètres, fossés bordés de roseaux phragmites et de bandes enherbées. Ces milieux originaux (peut-être les mieux conservés de toute la Limagne) accueillent, sur les 80 hectares du site, près d’une centaine de couples de Rousserolles effarvattes, et une petite colonie de 7 ou 8 couples de Bruant des roseaux, en forte diminution actuellement (il ne reste plus que 50 couples en 2022 probablement). Au moment des migrations, près d’une cinquantaine d’espèces fréquentent le site, d’autant plus qu’il garde parfois une tendance « Zone humide ».

Alors quel objectif pour l’amélioration de la biodiversité ?

Gardons à l’esprit que le projet Ferme de Sarliève est un projet agricole, qui doit produire et être rentable. Dans ce contexte, le challenge est de taille : il faut conserver un maximum de ces linéaires de roseaux, tout en améliorant le milieu agricole : plantations de haies, diversification agricole, arrêt des pesticides : un pari sur l’avenir, qui pourrait faire revenir sur la plaine de Sarliève de nombreuses espèces : de l’Œdicnème aux Tariers des prés, tout est à construire, et ça va marcher !

Plaine de Sarliève
Plaine de Sarliève – François Guelin

FG, janvier 2023