Les amphibiens : un groupe très menacé aux mœurs particuliers

Selon la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) publiée en 2019, 40 % des 8 100 espèces d’amphibiens répertoriées au niveau mondial sont en voie d’extinction. Toujours d’après l’UICN, les amphibiens constituent le groupe vivant le plus menacé sur notre planète. Il ne s’agit pas que d’une espèce ni même d’une famille ou d’un ordre mais bien d’une classe dans son ensemble.

Beaucoup de menaces pèsent sur ces animaux : prolifération des maladies causant des malformations ou la mort (chytrides et les ranavirus), dégradation et fragmentation/morcellement de leurs habitats (forestiers et aquatiques), aménagements hydrauliques/exploitation de l’eau, réchauffement climatique asséchant les zones humides, pollution, braconnage, altération de leur site de reproduction (empoissonnement, etc.), l’écrasement routier, etc.

En France, les amphibiens regroupent les grenouilles, les crapauds, les tritons et les salamandres. Leur nom vient du grec amphíbios signifiant « qui vit dans deux éléments ». En effet, ils démarrent leur vie dans l’eau douce puis à l’état adulte, ils passent une grande partie de leur vie sur terre, souvent près de l’eau ou d’une zone humide.

L’hiver, pour se protéger du froid et pour éviter le gel, les amphibiens hibernent en forêt ou dans des zones abritées, dans des trous, des anfractuosités, des tas de cailloux ou sous les feuilles. En fin d’hiver, lorsque les températures remontent et que les jours rallongent, ils se réveillent et se déplacent vers leur zone humide pour se reproduire : c’est la migration. Malheureusement, lorsqu’une route se trouve entre leur zone d’hivernage et leur zone de reproduction, c’est l’hécatombe, notamment les nuits pluvieuses.


Les campagnes de traversée routière

  • Liste des routes départementales et communales meurtrières en Isère
Routes MétropolitainesRoutes Départementales
RD111 et RD113 à SéchilienneRD529 à SusvilleRD280D à Revel
RD107 à Varces -Allières-et-Risset et la route du Martinais d’en HautRD281 aux AdretsRD529, RD115D à Pierre Chatel
RD523 à Domene/Le VersoudRD523 au CheylasRD280/RD165 à La Combe-de-Lancey
Routes CommunalesRD525 à Crêts en BelledonneRD525 et RD209 à Allevard
Route du plâtre à JarrieRD102 à Entre-Deux-GuiersRD128 à Le Sure en Chartreuse
Chemin des Molières et la promenade des Noyers à Vaulnaveys-Le-BasRD49 à Saint AupreRD520 à Saint Joseph de Riviere
Route du marais des Seiglières à Saint-Martin-d’UriageRD49C à MerlasRD520 à Saint Laurent-du-Pont
Rue de l’Etang à VoironRD50D à BilieuRD50A à Chirens
Route de l’Etang de Combe à Saint Jean d’AlevanneRD50D à CharavinesRD51B au Grand-Lemps
Route de l’Etang du Vivier à ValencogneRD45 à RenageRD156C à Marnans
Chemin de l’Etang à ChantesseRD1092 à ChantesseRD201A / RD201C à Notre Dame de L’Osier
Route communale à ChampierRD46 à Saint Sorlin de VienneRD37D à Saint Julien de l’Herms
Chemin de Rosière à Bourgoin-JallieuRD36 à VillefontaineRD4 et RD4F à Clonas-sur-Varèze
Chemin de l’Etang de Charamel à FrontonasRD124 à Bonnefamille 
Rue du Lac / Rue de la Buthière à VillefontaireRD18A MorasRD52 à Siccieu-Saint-Julien-Et-Carisieu
Route communale à Saint SavinRD14 à Creys-MepieuRD65 à La-Balme-les-Grottes
  • Routes équipées temporairement de filets

En raison des nombreux écrasements en période de migration pré-nuptiale constatés sur les routes listées précédemment, lorsque c’est possible et autorisé par la préfecture et le gestionnaire des routes concernées, des filets sont alors posés le long de la route. Il s’agit d’un dispositif de capture qui consiste à interrompre les déplacements des amphibiens par des filets avant qu’ils n’atteignent la route.

Filets au bord de la route

Le principe est simple : des filets à mailles carrés de quelques millimètres et d’une hauteur de 40 cm sont placés le long de la route du site défini. Les amphibiens arrivant au niveau du filet, le longent de manière à trouver une issue pour passer. Ils tombent alors dans un des seaux préalablement enterrés de sorte à être au même niveau que le sol. Ces seaux sont numérotés dans un ordre bien précis en fonction des années de suivi précédentes afin de pouvoir comparer, avec les mêmes données, les couloirs migratoires empruntés par les amphibiens. Ils sont percés de manière à laisser l’eau s’évacuer en cas de pluie. Quelques feuilles sont déposées au fond pour que les amphibiens puissent s’abriter ainsi qu’une branche de bois dans le but de laisser s’échapper les micro mammifères ou reptiles qui pourraient se retrouver eux aussi piégés. 

Tous les matins au lever du jour les amphibiens sont récupérés, comptés, identifiés puis sont amenés de l’autre côté de la route en toute sécurité et en respectant leur axe de migration. Chaque site se voit attribuer un référent pour cette campagne. Les filets sont ensuite retirés après la période de migration pré-nuptiale c’est-à-dire vers mi-avril en général.

Grenouille rousse à Chirens

  • Routes équipées de Passages à Petite Faune (PPF) ou « crapauduc »

    On entend par Passages à Petite Faune (PPF), les ouvrages ou aménagement d’ouvrages (la plupart du temps sous forme de buses sous la chaussée) assurant principalement le passage en sécurité des petits animaux allant de la microfaune (comme les insectes terrestres, les rongeurs et les amphibiens par exemple) aux renards, fouines et blaireaux. Le financement et l’installation de ce genre d’infrastructure représentent la finalité des campagnes avec filets.

Pour les sites bénéficiant de ces PPF, il est important d’assurer le suivi de leur efficacité. Des caisses pièges sont alors disposées à la sortie des traversées. Ces caisses sont destinées à recueillir les animaux qui empruntent le PPF, de les identifier et de les relâcher sur place. Pour certains types de PPF, il est nécessaire d’insérer une nasse à la sortie de la buse par-dessus la caisse enterrée. Cela permet d’orienter la chute des amphibiens directement dans la caisse et d’éviter qu’ils ne sautent à coté ou par-dessus.  Pour d’autres types de PPF, la sortie n’étant pas surélevée, il est nécessaire de poser des filets tout autour de la zone de sortie contenant la caisse enterrée au ras du sol. 

Comme pour le suivi des filets évoqué précédent, un relevé quotidien est effectué pour compter et identifier les amphibiens ayant emprunter ces PPF. Les amphibiens sont alors relâchés en respectant leur axe de migration. Un suivi des écrasements éventuels est également réalisé ainsi qu’une veille de l’évolution dans le temps des aménagements (vieillissement prématuré, dégradations naturelles ou malveillantes, dysfonctionnements, etc.).

  • Sauvetages nocturnes

    Il peut arriver que l’autorisation de poser des filets ou des PPF ne soit pas délivrée ou qu’il ne soit pas possible d’effectuer ce type de campagnes sur certaines routes. Dans ce cas, des sauvetages routiers de nuit peuvent être organisés lorsque les conditions météorologiques sont propices aux déplacements des amphibiens, notamment les soirs de pluie à la tombée de la nuit, sur les axes principaux, avec l’aide de bénévoles équipées de gilets de sécurité fluorescents et de lampe. Les amphibiens qui souhaitent traverser la route pour rejoindre leur lieu de reproduction seront alors repérés, interceptés puis déposés de l’autre côté de la route.

Sauvetage nocturne
Sauvetage nocturne ©Hervé Coffre

Le sauvetage continue jusqu’à ce qu’aucun amphibien ne soit retrouvé en situation de risque (absence d’amphibien ou circulation automobile fortement réduite). L’objectif est d’en faire traverser le plus grand nombre possible mais il est aussi important de compter les individus de chaque espèce rencontrée.

  • Actions annexes et complémentaires pour limiter et/ou éviter les écrasements routiers

Sur chacun des sites où la LPO de l’Isère a installé des filets de protection et dans les secteurs à fort risque d’écrasement pour les amphibiens, différentes stratégies sont mises en place pour permettre leur sauvegarde et leur préservation.

Les mares tampons : un travail de recherche de terrain est effectué afin d’envisager la création ou la restauration de mares dites « tampon » situées en amont de la zone d’écrasement pour que les amphibiens n’aient plus à traverser des axes de circulation au moment de leur migration. À La Combe de Lancey, 3 mares tampons ont été créées et un filet a été installé le long de la route pendant quelques années afin que les amphibiens n’aient plus à franchir cet obstacle mortel et afin de les inciter à s’installer dans ces nouvelles mares. Désormais, les grenouilles rousses utilisent les nouvelles mares.

Les panneaux de signalisation : à l’initiative de la commune de Seyssins et suite à des discussions entamées en 2020 avec des associations de protection de l’environnement comme la LPO l’Isère, un panneau de signalisation / sensibilisation a été installé sur l’Allée Marthe Trillat, une zone à fort risque d’écrasement pour les salamandres.                                                                    

Sur certaines routes départementales, des panneaux de sensibilisation, en dessous de la taille légale règlementaire, peuvent aussi être installés temporairement lors de la migration. Lorsque la sécurité des conducteurs peut être mise à défaut, des panneaux réglementaires sont installés afin de les informer du risque de chaussée glissante (dû à un nombre trop important d’écrasement). Enfin, d’autres panneaux temporaires sont installés lors de sauvetages nocturnes pour alerter les automobilistes de la présence de piétons sur la chaussée et pour les inciter à ralentir. L’installation de panneaux permanents dépend de la volonté du gestionnaire des routes et des enjeux locaux.

La fermeture de routes : certaines routes sont temporairement fermées lors de la migration des amphibiens. Cette mesure est mise en place à Saint Martin d’Uriage au marais des Seiglières, ainsi qu’à Merlas et à Saint Maximin. Cette solution temporaire ne s’applique qu’à condition de pouvoir dévier la circulation sur un itinéraire bis mais représente la mesure la plus efficace.

  • Bilan des chiffres de suivis filets et/ou PPF

    Cette année, 4 sites ont été suivis quotidiennement par la LPO de l’Isère ainsi que 2 sites supplémentaires suivis par d’autres organismes à savoir l’association le Pic Vert et le Département de l’Isère :         

Les chiffres de Notre Dame de l’Osier correspondent à ceux de 2022 car la population de certaines espèces telles que le pélodyte ponctué ou le triton crêté migrent encore après mi-avril. La campagne est donc toujours en cours. 

Les chiffres de Bilieu sont également ceux de 2022 mais pour une toute autre raison. En effet, il n’a pas été possible de renouveler la campagne sur ce site cette année suite à la pose de la fibre rendant impossible le projet d’installation d’un PPF.

Globalement, nous constatons une chute notable de la population des amphibiens sur l’ensemble des sites sur les 10 dernières années.

La présence du crapaud commun/épineux est en chute libre sur chacun des sites ainsi que le triton alpestre qui était présent historiquement sur certains sites.

Heureusement, il a été constaté que la population de grenouille rousse se stabilise ou augmente légèrement sur différents sites ainsi que celle des grenouilles vertes, salamandres et tritons palmés à Chirens.

En ce qui concerne l’efficacité des PPF, il est difficile de se prononcer avant plusieurs années de suivi. 

Nous constatons néanmoins un problème sur celui de Charavines qui est très certainement dû à l’expansion de l’anthropisation après la construction du PPF et l’état peu fonctionnel de la roselière en contre-bas vers le lac.

Les PPF d’Entre-Deux-Guiers ne répondent pas à l’ensemble du besoin à cause de la route communale également très passante et non équipée, qui laisse la possibilité aux amphibiens « d’errer » sur la route surtout lors de leur migration retour.

• Bilan des chiffres des campagnes de sauvetages nocturnes :

  TOTAL sauvés
LieuxNb de nocturnesCrapaud Commun/EpineuxGrenouillesTritonsSalamandre tachetée
Domène (sans filets)266597017
Villeneuve de Marc (sans filets)83481933
Jarrie (avec filets)52407
 124796203

Restauration et création de mares pour préserver les amphibiens

Les mares sont des systèmes complexes étroitement liées aux activités humaines et forment une interface entre les milieux aquatiques et terrestres à l’origine d’une grande biodiversité. Cependant, des menaces pèsent sur ces écosystèmes. En effet, 70% des zones humides ont disparu en France depuis le début du 20ème siècle, dont plus de 50% ont été perdues entre les années 60 et 90, démontre le rapport du préfet Paul BERNARD en 1994. De même, Oertli et Frossard notent en 2013 une diminution du nombre de mares lors de ces dernières décennies, touchant particulièrement les petits milieux.

D’autre part, l’assèchement précoce de celles-ci, principalement dû aux changements climatiques (réchauffement et sécheresse), induit une diminution des succès de reproduction des amphibiens. Les larves ne parviennent pas au terme de leur métamorphose avant l’assèchement de la mare. Cela est donc problématique pour les populations d’amphibiens, mais également pour la végétation aquatique se trouvant dans la mare, qui parfois meurent et rend l’écosystème moins fonctionnel.

Bévenais après 2 ans
Mare à Bévenais 2 ans après sa création ©Jean-Baptiste Decotte

Enfin, les problèmes d’empoissonnement ont aussi un gros impact sur les populations d’amphibiens et la fonctionnalité des mares. Lorsque des poissons sont présents dans les mares, ils prédatent les œufs et larves d’amphibiens, ainsi que les plantes aquatiques, provoquant une pollution accrue de l’eau et rendant la mare non fonctionnelle. Ainsi, la préservation de ces milieux sensibles et fragiles représente un enjeu important pour la conservation de la biodiversité qu’ils accueillent. 

C’est dans ce contexte que des programmes de restauration et création de mares ont été lancés, grâce notamment aux Contrats Verts et Bleus (CVB) et aux subventions dédiées du Département de l’Isère depuis 2018. Quatre réseaux du département isérois ont profité d’un Contrat Vert et Bleu à savoir, la Métropole de Grenoble, la Bourbre, la Bièvre et Belledonne qui est toujours en cours. Ces contrats sont entièrement financés par les Fonds Européen de Développement Régional (FEDER), la région AuRA et le CD38. Ils ont permis la création et la restauration de plus de 140 depuis 2018. En parallèle, des programmes internes LPO et des programmes d’autres structures (associations, syndicats de rivières, agence de l’eau, communautés de communes, etc.) permettent aussi de réaliser des mares.

Mares en micro-réseau

Depuis 2020, la LPO AuRA expérimente la réalisation de mares en micro-réseaux afin de tester leur pertinence pour la sauvegarde des amphibiens. En effet, la communauté scientifique, les naturalistes et notamment l’association FNE (2020), s’accordent sur le fait qu’un réseau fonctionnel de mares se caractérise par la présence minimale de 4 mares/km², soit des mares espacées de maximum 500m. Or, créer des réseaux d’une telle distance est très complexe voire impossible à réaliser sur les territoires fortement peuplés et anthropisés comme c’est le cas des vallées iséroises (nombre de villes et de routes important). De plus, d’autres aspects s’opposent à la création de vastes réseaux de mares comme les autorisations foncières mais aussi les larges cours d’eau rectifiés et les pratiques agricoles intensives.

La LPO définit les micro-réseaux comme étant un minimum de deux mares séparées de maximum 400m, correspondant à la dispersion moyenne pour 44% des amphibiens d’après les chercheurs Smith et Green, sans aucun obstacle à leur migration. Ainsi, les micro-réseaux sont plus facilement réalisables et les premiers résultats obtenus sont très encourageants.

En 2022, la LPO avait déjà réalisé un peu plus de 50 mares dîtes en micro-réseau et cette stratégie tend désormais à devenir régulière.

L’étude des résultats des mares en micro-réseau de la LPO a mis en évidence que la richesse spécifique observée dans ces mares est significativement plus élevée que dans les mares dîtes isolées, avec en moyenne deux fois plus d’espèces (4 espèces contre 2 espèces en moyenne). En outre, les formations en micro-réseau permettent de favoriser notamment le brassage génétique entre les métapopulations présentes dans les mares et la stabilité et la résilience du milieu à petite échelle.

Cette étude sera poursuivie et amplifiée dans les mois et années à venir pour mieux évaluer l’importance de travailler sur des micro-réseaux et comprendre leur fonctionnement en termes de répartition des espèces au sein des mares de micro-réseau, de taille de populations et de succès de reproduction.


Zoom sur quelques actions focalisées sur des espèces rares et emblématiques

  • Crapaud calamite

Le crapaud calamite (Epidalea calamita) est une espèce protégée par la loi sur la protection de la nature du 10 juillet 1976 et par l’Arrêté du 8 janvier 2021 et il est classé comme espèce quasi menacée en Rhône-Alpes. L’urbanisation grandissante des terrasses alluviales du Drac met en péril la dernière population de crapaud calamite du bassin Grenoblois.

Un plan de conservation est en cours depuis 2008 au sud de la métropole grenobloise. L’objectif principal est d’évaluer les menaces qui pèsent sur cette population, d’effectuer un suivi et de proposer de nouvelles mesures de gestion pour assurer la réhabilitation de zones favorables aux crapauds calamite. Neuf mares ont été créées et des travaux de rénovation des continuités écologiques ont été entrepris avec la création d’un passage à petite faune sous deux routes communales en 2022.

Crapaud Calamite

  • Sonneur à ventre jaune
Sonneur à ventre jaune

Le sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) est une espèce protégée par la loi sur la protection de la nature du 10 juillet 1976 et par l’Arrêté du 8 janvier 2021 et il est classé comme espèce vulnérable en Rhône-Alpes. Son déclin est principalement dû à la destruction des zones humides, l’artificialisation des cours d’eau et la diminution globale de la qualité des paysages.

Afin de connaître l’état des populations de sonneurs en Isère, une campagne de capture, marquage, recapture (CMR) perdure depuis plus de 10 ans sur différents secteurs de plaine et de moyenne montagne. Cette année encore, un suivi par génotypage sera réalisé sur 4 sites Isérois.

Le protocole de suivi CMR de ces sonneurs est réalisé par photo-identification des individus. Le principe consiste à capturer, lors d’un premier passage, tous les individus présents sur le site d’échantillonnage, de les photographier et de les relâcher. Les sonneurs sont positionnés sur le dos, entre une plaque recouverte d’un papier millimétré plastifié et une plaque en plastique transparente et souple, afin de les prendre en photo. Leurs tâches permettent leur reconnaissance, leur patron ventral étant leur « carte d’identité ». Par la suite, plusieurs autres sessions de recaptures sont effectuées et le nombre d’individus déjà identifié est noté, ainsi que les individus n’ayant jamais été capturés. Les photos des différentes sessions sont donc comparées afin de remplir le tableau de suivi. 4 sessions minimum sont prévues entre mai et juillet. La finalité du CMR est d’être capable d’estimer la taille de la population totale grâce à une méthode d’inférence statistique et de d’estimer des variables démographiques permettant de caractériser la population (survie, fécondité, recrutement, dispersion de type émigration ou immigration, etc.).

Plusieurs sites sont suivis de cette manière en Isère et sur certains milieux, la LPO travaille à partir d’analyses génétique pour aller plus loin dans la compréhension de l’espèce et des impacts locaux qui la touchent afin de pouvoir y remédier.

  • Triton crêté 

Le triton crêté (Triturus cristatus), une espèce protégée par la loi sur la protection de la nature du 10 juillet 1976 et par l’Arrêté du 8 janvier 2021 et il est classé comme espèce en danger sur la liste rouge Rhône-Alpes. C’est le triton qui présente les exigences écologiques les plus fortes dans notre région, il est ainsi considéré comme un bon indicateur de l’état écologique du milieu.

Initié en 2002, un plan d’actions dans le département de l’Isère a été mis en place pour réaliser une évaluation des populations afin de mettre en œuvre des actions visant à assurer la pérennité de l’espèce. Les principales actions sont : inventorier les sites où l’espèce est présente, favoriser sa reproduction en protégeant les sites de reproduction, favoriser son hivernage en protégeant les habitats terrestres à proximité, favoriser les échanges avec d’autres populations en créant des réseaux de mares ou de haies et enfin, sensibiliser les usagers et acteurs locaux à la préservation de l’espèce sur les sites identifiés.

Plus récemment, une population mourante a pu être sauvée dans le nord de la Métropole de Grenoble. La création d’une mare naturelle et la restauration d’une mare altérée a permis d’offrir de nouveau des lieux de reproduction à l’espèce qui avait survécu tant bien que mal dans les fossés de drainage locaux. La population est passée d’une 20aine d’individus à plus de 60 en 3 ans.

Triton crêté


Remerciements :

La LPO AURA délégation de l’Isère tient à remercier l’ensemble de ces partenaires impliqués de près ou de loin dans la protection des amphibiens et notamment :

  • Collectivités et établissements publics : Département de l’Isère, Région AURA, Union Européenne via les FEDER, Agence de l’Eau RMC, Grenoble Alpes Métropole, CC des Vals du Dauphiné, CC de l’Oisans, Ville de Grenoble, Ville d’Echirolles, Ville de Seyssins, Ville de Pont-de-Claix, ONF, OFB, DREAL, DDT, le SYMBHI, l’EPAGE de la Bourbre, le SIRRA
  • Entreprises : Becton Dickinson, Perrona
  • Fondations : Crédit Agricole, Terre d’initiatives solidaires, Alpes sauvages, Lemarchand, Caisse d’Epargne, Humus
  • Autres associations de protection de la nature : CEN Isère, FNE, Sympetrum, Lo Parvi, BLE, Pic Vert, Drac Nature, Espace Nature Isère, Nature Vivante
  • Structures et organismes ayant un refuge LPO 

Nous tenons aussi à remercier tous nos bénévoles des campagnes amphibiens, des suivis herpétologiques et du Groupe Mares ainsi que l’ensemble des salariés et stagiaires qui s’engagent sur cette belle thématique.