Depuis 2001, la LPO Auvergne-Rhône-Alpes coordonne, en région, le programme de sciences participatives de suivi des populations des oiseaux communs, le STOC. Depuis, chaque printemps, tôt le matin, ce sont près de 300 observateurs bénévoles ou salariés qui se sont mobilisés pour suivre au moins une zone de 2×2 km, qu’on appelle un carré STOC. Tous les oiseaux entendus et vus au sein de cette zone doivent être notés.
Parmi ces nombreux observateurs, il y a Sylvie*, qui a commencé le STOC en 2017. Cette bénévole auvergnate, passionnée de nature, a décidé de s’investir afin d’apporter sa contribution à la compréhension des facteurs sous-jacents au déclin des oiseaux communs, et pas seulement « c’est très formateur et je participe aussi pour le plaisir : la nature est tellement magique le matin ! » ajoute-t-elle.
Témoignage : Sylvie nous raconte le STOC
Après une ou plusieurs années de participation, qu’est-ce qui vous motive à poursuivre ?
Je dirais d’abord la curiosité et l’envie, le décryptage de la nature que l’on voit évoluer. Mais aussi, le fait de réaliser combien nous avons perdu de biodiversité : il n’y a plus d’insectes, les papillons se font rares…
Si vous deviez inciter une personne à participer au STOC, que lui diriez-vous ?
« Le STOC c’est quoi ? » C’est un programme fait pour les citoyens. Les oiseaux sont considérés comme de bons indicateurs de l’état de santé de l’environnement en général. Et de nos jours c’est primordial. Nous nous devons de participer pour pouvoir mesurer ce que nous constatons : nos activités ont un impact, le nombre d’oiseaux diminue, certains disparaissent, etc. Détecter les oiseaux est un jeu fabuleux ! Si on observe une espèce inhabituelle, peut-être qu’il y a une évolution dans l’habitat, le milieu … En plus on fait le suivi le matin, tout seul, tranquille ; c’est une super balade. Viens, participe !
Quels changements observez-vous sur vos carrés après plusieurs années de suivi ?
La disparition des zones humides particulièrement depuis 2019, la disparition des mares qui, une fois asséchées, ne se reconstituent plus. La disparition des prairies au profit des cultures comme le maïs. Les haies, qui ne sont plus des haies mais des moignons de bordure !
Avez-vous une anecdote sur un de vos suivis que vous souhaiteriez raconter ?
Un matin – j’étais tombée du lit – comme c’était un parcours d’essai, j’ai pris mon temps avant de commencer le comptage. Une bonne partie de mon parcours STOC est située en forêt domaniale, j’en ai donc profité pour explorer l’intérieur des parcelles, histoire de prospecter et découvrir des petites bêtes. À ma grande surprise, je me suis retrouvée à quelques mètres d’une biche qui était en train de mettre bas ! Autant dire que j’ai filé discrètement pour éviter d’affoler l’animal.
Quelles sont vos suggestions pour améliorer la coordination ?
Il serait peut-être intéressant de réaliser des documents d’information faisant le parallèle entre certains résultats STOC et la liste rouge (avec les critères UICN) des espèces, ou encore des documents sur les mesures de conservation qui pourraient être mises en place grâce aux résultats du STOC. En matière d’outils d’accompagnement pour les nouveaux inscrits, il serait peut-être utile de penser à une procédure pour créer son itinéraire en fonction du carré attribué, nombre de personnes ont du mal à lire une carte.
Rejoignez-nous !
Vous avez des connaissances en ornithologie ? Alors comme Sylvie, rejoignez nos équipes bénévoles et participez au suivi des populations d’oiseaux en Auvergne-Rhône-Alpes ! Vous serez au plus près de la nature et vous aurez peut-être, comme Sylvie, le privilège d’être le témoin de tout ce qu’elle recèle de plus beau et magique !
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Quelles tendances pour les populations d’oiseaux communs ?
Au total, depuis 2001, c’est près de 450 carrés qui ont été réalisés au moins une fois, comptabilisant plus de 230 espèces recensées avec plus de 660 000 oiseaux dénombrés. Les tendances régionales d’environ 75 espèces d’oiseaux commencent à être analysées et font ressortir des constats inquiétants sur la disparition des oiseaux communs en Auvergne-Rhône-Alpes. En effet, sur la période 2002-2019, les oiseaux des milieux bâtis et agricoles ont diminué respectivement de 15,9% et de 15,7%. Les espèces forestières et généralistes restent quant à elles faiblement positives (respectivement + 3,6% et + 2%). Parmi ces groupes d’espèces, certaines sont plus impactées que d’autres et voient leurs effectifs diminuer plus fortement, comme par exemple le Bruant jaune, oiseaux des milieux agricoles, qui a perdu plus de 50% de sa population, ou encore le Moineau friquet, oiseau des milieux bâtis, dont la population a diminué de près de 60%. Quand on compare les résultats Auvergne-Rhône-Alpes aux résultats nationaux, on constate qu’ils vont souvent dans le même sens, mais il existe quelques particularités.
Par exemple, le Moineau domestique est en augmentation dans la région (+8,54%) alors qu’il est stable en France (-4,6%) ; c’est le contraire pour la Mésange charbonnière qui diminue en Auvergne-Rhône-Alpes (-10,6%) et est en légère augmentation en France.
Pour retrouver tous les chiffres espèce par espèce, c’est ici (page 23).
Pour en savoir plus sur le suivi des populations des oiseaux communs en Auvergne-Rhône-Alpes et les causes de leur déclin, c’est ici.
Merci à tous les observateurs et à toutes les observatrices qui participent à ce programme dans notre région !
* Sylvie Lovaty est bénévole à la LPO AuRA en Auvergne depuis de nombreuses années, vice-présidente Allier, membre du Comité d’Administration, référente du groupe veille, référente balbuzard et sternes, membre du comité naturaliste Auvergne.