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Le nourrissage hivernal

En hiver, les oiseaux consacrent la quasi-totalité de la journée à rechercher de la nourriture, notamment pour résister au froid. Et cela n’est pas facile ! Leurs besoins énergétiques pour maintenir leur température corporelle augmentent tandis que les ressources alimentaires diminuent, jusqu’à devenir rares ou ne sont pas accessibles à cause de la neige ou du gel. De plus, les jours sont courts, ce qui leur laisse beaucoup moins de temps pour rechercher leur ration quotidienne.

Proposer de la nourriture et de l’eau aux oiseaux permet de les aider à survivre à l’hiver.

Vous pouvez facilement leur donner un petit coup de pouce pour passer cette période difficile en alimentant quelques mangeoires.

Chardonnerets élégants et verdier d'Europe à la mangeoire
Chardonnerets élégants, verdiers d'Europe - Johan Dussert

Quand nourrir les oiseaux ? Et quand et pourquoi arrêter ?

Ne vous basez pas sur la date de l’hiver dans le calendrier mais sur la météo. La bonne période, c’est quand les gelées prolongées apparaissent. L’arrivée des premiers jours de gel varient selon les régions (de fin octobre à fin novembre).

Le nourrissage doit être constant et régulier (de préférence tous les matins) car les oiseaux prendront l’habitude de visiter vos mangeoires à des moments déterminés de la journée.

En résumé, il faut nourrir quand :

  • températures négatives
  • gel et/ou couvert neigeux prolongé
  • nourriture inaccessible pendant plusieurs jours

Dans ces conditions, les oiseaux vont avoir des difficultés à accéder à de la ressource alimentaire, on peut alors les aider.

Dès que le temps se radoucit définitivement (vers le mois de mars), arrêtez progressivement (durant 7 et 10 jours) le nourrissage car les oiseaux se seront habitués à cette ressource. Pendant la belle saison, alimenter des mangeoires devient inutile et même néfaste pour eux. Cet arrêt est important car les lipides des graines ou des boules ne graisse ne sont pas adaptés aux futurs poussins qui doivent être nourris exclusivement de protéines, et de nombreuses espèces deviennent ainsi insectivores. D’autre part, la dépendance à un lieu précis de nourrissage doit cesser pour inciter les oiseaux à chercher par eux-mêmes la nourriture la plus adéquate à leur biologie. 

Un nourrissage permanent peut également :

  • entraîner un risque de transmission de maladies : la chaleur pouvant favoriser l’apparition d’infections (salmonellose,…) 
  • avoir un effet sur les taux de prédation : la concentration engendrée par le nourrissage peut faire augmenter les taux de prédation par des animaux sauvages (épervier d’Europe) ou domestiques (chats). 
  • provoquer des perturbations physiologiques : notamment de leurs habitudes alimentaires alors qu’ils doivent justement apprendre à se nourrir par eux-mêmes en capturant des insectes.
  • altérer la composition de la communauté aviaire

 

En revanche, l’apport d’eau est utile tout au long de l’année.

Quelle nourriture fournir ?

Chaque espèce a ses préférences. Les graines de tournesol, riches en lipides, sont les plus consommées par une grande diversité d’oiseaux. D’autres graines plus petites, comme le millet, ou plus grosses, comme les noix, raviront bruants, geais des chênes et pics. Les oiseaux ont des becs différents d’une espèce à l’autre et ne vont donc pas consommer la même chose. Chaque espèce d’oiseau possède des besoins spécifiques. Le mieux est de choisir des mélanges de graines, qui conviendront à de nombreuses espèces quelle que soit la taille de leur bec. Dans tous les cas, privilégiez le local et le bio.

Aliments adaptés :

  • Graines : divers mélanges, tournesol (non grillées, non salées, si possible non striées, les graines noires sont meilleures et plus riches en lipides), millet, avoine (privilégier des mélanges avec 2/3 de tournesol).
  • des fruits secs : amande, noix, noisette, ce sont des aliments de saison et riche en graisse (non grillés et non salés).
  • du maïs concassés
  • Fruits décomposés : les vieilles pommes raviront les grives, poires flétrie, raisin,… 
  • Pain de graisse végétale simple ou du pain de graisse végétale mélangée avec des graines, fruits rouges ou insectes (privilégier des produits à l’huile de colza) ;
    • Pains de graisses en magasin : vérifiez la provenance de la graisse et la composition, évitez la graisse de palme et la graisse comportant des résidus de l’industrie agro-alimentaire.
    • Pain de graisse fait-maison : utilisez de la graisse d’origine végétale, bio et locale, de type margarine, végétaline, de manière à ce que ce soit plus digeste. Surtout pas de graisse à base de produits laitiers, les oiseaux ne peuvent pas digérer ce qui est à base de lactose.

Dans sa démarche écologique, la LPO vous conseille de choisir des graines de tournesol bio d’un producteur local et d’être attentif à la composition des boules de graisse (certaines sont faites à base de graisses animales, d’huile de palme…). De plus, ne choisissez que des boules de graisse sans filet, épargnant ainsi aux oiseaux le risque de se coincer les pattes.

Les aliments pour humains ne sont pas forcément bons pour les oiseaux !

Ne jamais donner :

  • d’aliments salés (cacahuètes salées, chips, …)
  • de pain sec ou de biscottes, de déchets de pâtisserie, de noix de coco desséchée, qui gonflent et provoquent des troubles digestifs
  • de lait ou tout aliment à base de lactose : ils ne peuvent pas le digérer et celui-ci peut être responsable de troubles digestifs mortels.
  • de grains de lin ou de ricin qui sont toxiques.
  • de pâté pour chien et chat
  • de pâtes, riz, blé (crus ou cuits) 
  • de salades, carottes, …
  • de lentilles (crues et cuites) 
  • de pois (crus et cuits)
  • de pomme de terre cuite
  • de lard salé, gras de viande 

Si certains se nourrissent exclusivement d’insectes et vont alors migrer pour continuer à trouver de la nourriture, d’autres ont un régime alimentaire plus varié, et se contentent alors l’hiver venu de graines et de fruits. Pour faire face au froid et passer l’hiver, ils ont alors avant tout besoin de lipides. On évitera ainsi de compenser le manque d’insectes en leur proposant des insectes achetés en animalerie.

Mésange noire à la mangeoire
Mésange noire - Claudette Millat

Donner de l’eau

Même en hiver et par temps de froid, il ne faut pas oublier de laisser de l’eau aux oiseaux pour qu’ils puissent s’abreuver mais aussi se laver et maintenir leur plumage propre afin de bien se protéger contre le froid. En effet, un plumage propre permet de conserver une bonne étanchéité et d’avoir une couche d’air entre leur corps et le plumage. Un plumage gras n’est plus étanche contre la pluie ou les courants d’air.

Laissez donc une coupelle d’eau à proximité, à renouveler régulièrement. Brisez la glace si besoin.

Mangeoire à faire soi-même

Mangeoires en bois simple à construire (utilisez du bois imputrescible mais pas traité ou seulement avec de l’huile de lin naturelle. Type de bois : mélèze, chêne, pin) : voir le plan

Mangeoires recyclées :

  • Bouteille en plastique ou en verre, brique de lait

Créez une ouverture et remplissez votre bouteille de graines. Avant de la remplir de graines, pensez à rincer votre bouteille et à la faire sécher.

  • Boite de conserve, pot de yaourt

Accrochez une branche de bois sur le pot ou la boîte de façon à ce qu’elle dépasse et que l’oiseau puisse s’y poser ou s’y accrocher.

Boules de graisse

Trempez un rouleau de carton (de type papier toilette) ou une pomme de pin dans du beurre de cacahuètes puis dans les graines. Accrochez-le ou la dans une zone dégagée de façon que les oiseaux qui y viendront ne risquent pas d’être attrapés par un chat !

Pic épeiche picorant des boules de graisse
Pic épeiche - Claudette Millat

Installer

Plusieurs types de mangeoires existent : que vous ayez un balcon, une terrasse ou un jardin, choisissez celle qui s’adaptera le mieux à votre emplacement. Il est important de placer la mangeoire en hauteur et dans un endroit dégagé (loin des murs et des buissons) pour qu’elle ne soit pas accessible aux prédateurs. Evitez également de l’installer trop proche des vitres ou surfaces réfléchissantes afin d’éviter les chocs, les projections et salissures. Si vous habitez en ville, faites-en sorte que la mangeoire ne puisse pas être utilisée par les pigeons (pose d’un toit, petit orifice d’où sortent les graines…). En effet, nourrir les pigeons est interdit par la loi et vous risquez d’épuiser très rapidement votre stock de nourriture !

Caractéristiques à privilégier pour votre mangeoire :

  • plateau abrité : pour que les graines restent sèches. Si elles sont humides, il peut se développer des champignons, moisissures, ce qui rendrait les oiseaux malades.
  • petite : il est préférable de privilégier plusieurs petites mangeoires plutôt qu’une seule grande mangeoire. Une petite mangeoire permet de renouveler régulièrement la nourriture ( = meilleure hygiène) et d’éviter une trop grande concentration d’oiseaux.
  • sur pied si jardin

N’oubliez pas les silhouettes « anticollision » pour éviter les accidents avec les fenêtres si la mangeoire est près de celles-ci.

Gérer

Nettoyez régulièrement la mangeoire et ses alentours, d’abord avec une brosse, puis à l’eau bouillante, pour éviter la diffusion des maladies. Retirez les fientes et les vieux aliments. Favorisez les désinfectants naturels (huile d’arbre à thé, vinaigre…).

A la fin de l’hiver, nettoyez, désinfectez et rangez la mangeoire. Préférez des produits simples (eau, vinaigre) et respectueux de l’environnement. Vous pouvez les traiter avec de l’huile de lin. 

Conseils en vidéo !

Cette vidéo reprend tous les éléments précédents de façons assez ludique :