L’État abandonne le projet Rhônergia
Depuis plus d’un an, la LPO Auvergne-Rhône-Alpes, engagée avec un front associatif, militait activement pour que Rhônergia, le nouveau projet de barrage sur le fleuve Rhône, ne voit pas le jour.
L’ensemble des arguments factuels qui ont été développés ont démontré qu’un 21ème barrage sur le Rhône en amont de Lyon était destructeur pour la biodiversité, coûteux, peu productif en énergie, dangereux pour l’alimentation en eau potable et source d’expropriations pour les riverains actuels du fleuve.
Ces arguments ont été entendus et le projet est définitivement abandonné.
Cette victoire n’est pas uniquement la nôtre, c’est celle du vivant et de la prise de conscience que la nature ne peut pas être continuellement exploitée, saccagée, détruite.
Cette victoire est aussi celle de la démocratie qui a permis au cours de la concertation, mais aussi des différents échanges et communiqués, que le bon sens soit entendu.
Le combat ne s’arrête pas pour autant
Nous ne pouvons pas nous contenter de ce simple abandon. L’histoire nous démontre que rien n’est jamais acquis et qu’un projet des années 1980 de construction de barrage sur le Rhône à Loyettes (01), peut ressurgir des années plus tard et nous en avons bien eu la preuve avec Rhônergia.
La doctrine du XXème siècle prônée par l’État, par l’intermédiaire de la CNR, affirmant que : « le Rhône était au service de la Nation » a contribué à ce que le fleuve devienne le plus artificialisé du monde…
En effet, sur les 550 km de la frontière Suisse à la méditerranée : 20 barrages au fil de l’eau, 1 barrage de moyenne chute (Génissiat), soit environ un barrage tous les 25 km. 4 sites nucléaires, des sites industriels, des zones portuaires, des traversées d’agglomérations endiguées…
Sur le Haut-Rhône, il ne reste plus que 26 km préservés d’aménagements dans le lit du fleuve entre l’aval du barrage de Sault-Brénaz et la confluence Ain-Rhône.
Au vu des services rendus pendant des décennies par ce fleuve au pays, à l’économie, à ses habitants, il nous paraît juste et responsable d’accorder une protection qui doit désormais être définitive à ce dernier tronçon naturel du Rhône.
Appel pour un Rhône libre
Nous, militants du front associatif et citoyens opposés au projet Rhônergia considérant que le Rhône a déjà subi trop d’agressions, proposons à l’État et à la CNR un projet alternatif protecteur de la biodiversité, de l’environnement, des paysages, du patrimoine, de l’agriculture, des habitants et des usagers du Rhône.
Ce projet baptisé « Appel pour un Rhône libre » est porteur de valeurs élevées pour la citoyenneté, pour le vivant et notre histoire commune.
Il vise à protéger de façon définitive la dernière partie du Rhône encore non artificialisée.
Le projet regroupe 6 points représentatifs de cette volonté d’œuvrer pour le bien commun et au profit de l’environnement et des générations futures. Ainsi, nous demandons :
- Une protection inaliénable, totale et définitive de l’ensemble du Rhône libre et naturel entre Vertrieu et Villette d’Anthon.
- La mise en place d’un plan de gestion stratégique pour favoriser la biodiversité et restaurer les milieux dégradés, en concertation avec l’état, les élus, les associations de protection de la nature, les acteurs locaux et les scientifiques.
- La protection et la mise en valeur du patrimoine local, historique et archéologique.
- La mise en place de suivis écologiques, historiques et sociaux par les scientifiques de la Zone Atelier de Bassin du Rhône et les associations de protection de la nature et du patrimoine.
- La mise en place d’une stratégie de tourisme de nature adossée à la ViaRhôna afin de faire connaître le fleuve et ses richesses au grand public.
- Le développement de l’éducation à l’environnement auprès des jeunes en temps scolaires et extra-scolaire.