la LPO Auvergne-Rhône-Alpes, Mountain Wilderness, France Nature Environnement Haute-Savoie et Auvergne-Rhône-Alpes, La Nouvelle Montagne ainsi que le collectif Fier-Aravis saluent la décision du tribunal administratif de Grenoble qui annule les autorisations du projet de retenue d’altitude sur le plateau de Beauregard. Cette décision de justice vient récompenser une mobilisation citoyenne inédite dans nos territoires alpins.

Beauregard - La Clusaz

Depuis 2020, La Clusaz projetait de construire une retenue d’altitude sur le plateau de Beauregard, en la justifiant par le besoin d’eau potable. Le projet permettait surtout de stocker 150 000 m3 d’eau, dont les deux tiers à des fins d’enneigement artificiel.

Depuis 2020, les associations de protection de l’environnement et collectifs citoyens locaux s’opposent à ce projet qui utilise l’argument fallacieux de l’eau potable pour obtenir l’autorisation de détruire 8 ha d’habitats naturels et impacter plus d’une cinquantaine d’espèces et d’habitats protégés.
Loin d’être vertueux d’un point de vue hydrologique, ce projet augmente d’autant plus la pression sur la ressource en eau du territoire… pour enneiger artificiellement des pistes situées à 1500m d’altitude.
C’est d’ailleurs ce qui avait conduit à ce que le juge donne raison à nos associations en suspendant en 2022 les autorisations délivrées pour l’aménagement de cette retenue : « l’intérêt public qui découle de la réalisation d’une retenue collinaire essentiellement destinée à assurer l’enneigement artificiel de la station est insuffisant à remettre en cause l’urgence qui tient à la préservation du milieu naturel et des espèces qu’il abrite. »

C’est en cohérence avec ce jugement de suspension que les juges ont suivi l’avis de la rapporteure publique, qui a préconisé l’annulation totale de l’arrêté d’autorisation de la retenue en l’absence de raison impérative d’intérêt public majeur (RIIPM).

Cette décision est un soulagement pour les défenseurs de nos biens communs et un avertissement pour les partisans de la fuite en avant dans nos territoires alpins. Elles viennent légitimer davantage – si besoin en était – 5 années de mobilisation citoyenne, d’analyse du projet et de ses impacts et d’actions en justice.

Cette mobilisation exemplaire n’est probablement pas la dernière puisque d’un point de vue de la concertation autour de l’eau et de l’avenir des territoires de montagne, peu de choses ont changé hélas. Contrairement à la prise de conscience croissante des citoyens de nos massifs alpins.

L’exemple de Beauregard augure-t-il d’un changement de paradigme dans les stations de ski / massifs des Alpes du nord ? Rien n’est plus urgent pour espérer une adaptation de ces territoires au changement climatique en cours.