Lors de la révision du Document d’Objectifs (DocOb) du site Natura 2000 de la Forêt de Lespinasse en 2024 (site appartenant au Département de la Loire), la LPO a constaté que les enjeux liés aux rapaces diurnes étaient peu pris en compte, faute de connaissances.

En effet, la localisation en plaine du site n’a jamais permis d’envisager d’inventaires sur ce groupe d’espèces, puisqu’habituellement, l’observation depuis des points de vue à distance est privilégiée. Cette forêt, qui est la plus grande chênaie du département, présente pourtant un potentiel intéressant pour plusieurs rapaces diurnes tels que l’autour des palombes, l’épervier d’Europe, le milan noir, la buse variable, la bondrée apivore ou encore l’aigle botté. Soulignons que ce dernier a été découvert nicheur en 2023 sur la commune de Briennon à environ 5 km au sud-est de la Forêt de Lespinasse. La LPO a alors proposé de réaliser la recherche des nids de rapaces (appelés « aires ») en hiver afin de pouvoir préconiser des mesures adaptées et de limiter le dérangement des espèces.

En février 2025, 3 journées de prospection ont été effectuées et plus de 20 km de transects ont été parcourus pour couvrir une surface d’environ 230 ha, soit un peu moins de la surface totale du site. Si les deux premières journées n’ont pas permis de découvrir de nids de rapaces, la troisième a été plus concluante.

En effet, une aire de petite taille a été découverte dans un pin, pouvant faire penser à un nid d’épervier d’Europe. Mais la grande surprise de cette journée fût de découvrir le grand-duc d’Europe, jusqu’alors inconnu dans cette forêt. Le site de reproduction a été localisé précisément puisque la femelle en position de couveuse a été observée au sommet du tronc d’un chêne où le départ des branches charpentières forment une cuvette. Si la reproduction de l’espèce au sol n’est pas rare, la découverte d’une femelle couvant dans un arbre est une première dans le département de la Loire.

Une visite de contrôle sera réalisée au printemps pour savoir si l’aire découverte est bien occupée par des éperviers et s’assurer que la reproduction des grands-ducs suit son cours. Des périmètres de quiétude aux alentours des sites de reproduction des rapaces ont été proposés.

Cette prospection a également permis de localiser plus d’une trentaine d’arbres porteurs de loges de pics qui seront conservés, ainsi qu’un terrier de blaireau. Le reste de la forêt sera prospectée en 2026, et nous espérons pouvoir découvrir d’autres sites de reproduction de rapaces.

Merci à Julien et Vincent, bénévoles, pour leur participation à ce travail.

Hibou Grand-duc © Bertrand Tranchand
Femelle de Hibou Grand-duc bien cachée pour couver… © Bertrand Tranchand