Les Pies-grièches sont des passereaux aux mœurs de petits rapaces, aisément reconnaissables à leur masque noir autour des yeux. Ce sont des oiseaux aux comportements originaux et indicateurs de la qualité des milieux. Cinq espèces sont présentes en France. Le Massif Central accueille des populations importantes pour la France pour trois d’entre elles : la Pie-grièche grise, la Pie-grièche à tête rousse et la Pie-grièche écorcheur.
Espèces inféodées des milieux ouverts prairiaux et arborés, les Pies-grièches se font de plus en plus rares dans nos campagnes. Pour tenter d’enrayer leur déclin, un programme ambitieux mené à l’échelle du Massif central a été lancé en ce début d’année 2020. Afin d’enrayer le déclin, les différentes associations locales LPO, plusieurs Parcs naturels régionaux, l’ALEPE, et les CEN lancent un programme de conservation à l’échelle du Massif central. Il a été baptisé « Des Pies-Grièches dans nos campagnes ». L’objectif de ce programme est de permettre la préservation et la restauration des habitats utilisés par les différentes espèces de Pies-grièches, et d’assurer également le maintien de leurs ressources alimentaires.
Des oiseaux des milieux agricoles
Les pies-grièches affectionnent les paysages diversifiés de bocage, façonnés par l’élevage. Elles apprécient les prairies riches en fleurs, entourées de haies et ponctuées d’arbres isolés. Ce sont d’ailleurs dans ces arbres et arbustes qu’elles construisent leur nid.
Des voyageuses au long cours
Si la Pie-grièche grise est sédentaire, les Pies-grièches écorcheurs et à tête rousses passent l’hiver en Afrique. Elles reviennent fin avril-début mai après un vol migratoire de plusieurs milliers de kilomètres.
Un oiseau qui se prend pour un rapace
Ces passereaux chassent à l’affût en se perchant sur un arbre, un arbuste ou un piquet de clôture. Pour constituer des réserves de nourriture, appelées ‘lardoirs’, elles empalent leurs proies sur des arbustes épineux ou des fils barbelés. Elles limitent les populations d’insectes qu’elles consomment : bousiers, hannetons, guêpes, bourdons, grillons, criquets, sauterelles… La Pie-grièche grise consomme aussi des petits mammifères comme le Campagnol des champs, l’une de ses proies favorites, dont elle contribue à limiter les populations.
Vers une simplification et une artificialisation des paysages
La Pie-grièche grise et la Pie-grièche à tête rousse souffrent d’une réduction drastique de leurs effectifs, ainsi que d’une contraction inquiétante de leurs aires de répartition. La Pie-grièche grise est désormais principalement recluse aux zones de moyennes montagnes alors qu’elle était nidificatrice dans quasiment toute la France, exceptée l’extrême Ouest. Pour l’aire de la Pie-grièche à tête rousse, c’est une contraction vers le Sud-Est qui s’opère depuis environ un siècle avec une nette accélération depuis les années 60.
Sauvegardons nos bocages pour sauvegarder les Pies-grièches
C’est l’importante diversité des paysages agro-pastoraux qui conditionne principalement le choix du lieu de reproduction chez ces espèces. Ainsi, elles sont des indicatrices de la qualité des milieux et répondent parfaitement à la définition « d’espèce parapluie » : le travail de conservation mené en leur faveur devrait avoir des retombées positives pour l’ensemble de la biodiversité de nos zones rurales.
Près de la moitié de la superficie du Massif central est occupée par des terres agricoles. Les agriculteurs, principalement des éleveurs, y sont les premiers gestionnaires de l’espace. Ils sont donc les acteurs principaux du maintien de la biodiversité de nos campagnes et doivent être soutenus dans cette démarche. En tant que consommateur, nous avons tous le pouvoir de favoriser un modèle agricole respectueux des paysages et de la biodiversité.
Comment enrayer ce déclin ?
- Rencontrons-nous, citadins et paysans, habitants des villes et des campagnes, afin de reprendre en main notre alimentation dans le respect de l’environnement.
- Soutenons une agriculture de proximité en privilégiant la consommation via des circuits-courts.
- Soutenons une agriculture qui fait de la biodiversité un atout.
Communiquez-nous vos observations de Pies-grièches !
La protection de ces espèces, et surtout de leur habitat, passe aussi par une amélioration des connaissances, ce à quoi tout le monde peut contribuer.
Si vous voyez une pie-grièche, n’hésitez pas à nous l’indiquer en renseignant l’information sur Faune-France, sur l’application mobile NaturaList ou sur les portails locaux (www.faune-aura.org).
Pour connaître les actions du moment et les besoins en bénévoles, contactez Sébastien Nottellet, le coordinateur régional du programme :
Les pies-grièches s’invitent sur les murs de nos villes !
5 fresques murales à l’effigie des pies-grièches ont été réalisées par le collectif Mural Studio à la demande de la LPO AuRA et en partenariat avec différentes communes du territoire auvergnat. Réalisées entre mai 2021 et décembre 2022, elles ont pour ambition d’interpeller les passants pour porter à connaissance leur existence au plus grand nombre.
Découvrez le Livret Pédagogique !
La préservation des espèces passe aussi et surtout par la sensibilisation des publics : agriculteurs, familles, scolaires… Car on préserve plus facilement ce que l’on connaît ! C’est pourquoi, un livret pédagogique a été crée spécifiquement pour les publics scolaires du primaire au collège.
Le programme « Des Pies-grièches dans nos campagnes » est cofinancé par l’Union européenne. L’Europe s’engage dans le Massif central avec le fonds européen de développement régional.
Partenaires techniques :