Le projet d’Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope (APPB) des falaises du Vercors, du Moucherotte au col de l’Arc, vise à protéger un site naturel exceptionnel situé dans le département de l’Isère.

Ce site, qui s’étend sur plus de 460 hectares, englobe les communes de Claix, Lans-en-Vercors, Saint-Nizier-du-Moucherotte, Seyssinet-Pariset, Seyssins et Varces-Allières-et-Risset. Il abrite une biodiversité remarquable, avec des habitats naturels et des espèces protégées, notamment l’aigle royal et le faucon pèlerin. La fragilité et la spécificité des falaises en font des milieux naturels importants pour la préservation de la nature et la sauvegarde de la biodiversité dans un contexte global de bouleversement climatique.

L’initiative de la commune de Claix, soutenue par les autres communes concernées, s’inscrit dans la Stratégie nationale pour la Biodiversité 2030 (SNB2030). Le futur APPB sera couplé avec l’Espace Naturel Sensible (ENS) des Falaises du Moucherotte au Pic Saint Michel (créé le 1 er janvier 2024) qui permet d’avoir des actions de gestion sur le site.

Falaises du Moucherotte

En raison de la proximité de l’agglomération grenobloise, il existe de nombreuses activités sur ce site (randonnée estivale et hivernale, escalade, VTT, spéléologie, parapente, deltaplane, vol moteur, high line (funambulisme de haute altitude), base jump-wingsuit (saut en parachute depuis le bord d’une falaise), survol drone, trail-running, course d’orientation….

Ce projet d’APPB permettra de réglementer, voire d’interdire les activités non compatibles avec la préservation des forts enjeux naturels de ce site. C’est pourquoi la LPO soutient pleinement ce projet dans lequel elle s’est investie pleinement. Elle vous invite donc à contribuer dans le cadre de la consultation du public qui se déroule du 15 avril au 15 juin. Pour déposer votre contribution, vous devez cliquer sur le lien ci-dessous :

Nous savons que d’ores et déjà de nombreux avis négatifs ont été émis par les pratiquants de sports de nature qui pressentent des contraintes ou interdictions futures à leurs activités, c’est pourquoi, afin d’étayer la pertinence de cet outil réglementaire sur un site particulièrement fréquenté par tous les types d’activités de pleine nature, il est nécessaire d’obtenir un grand nombre d’avis positifs. Ces avis seront d’autant plus utiles aux services de l’Etat qu’ils seront argumentés et motivés.

Argumentaire à reprendre (tout ou partie, en complétant si vous le souhaitez) :

  • L’APPB va permettre la création de 4 bulles de quiétude d’un rayon de 300 mètres dans lesquelles toute fréquentation humaine sera exclue toute l’année. Cela permettra de créer des zones de quiétude indispensables pour les aigles royaux et les faucons pèlerins qui sont nicheurs sur ces zones. Les observations et les suivis et études scientifiques montrent clairement que ces couples d’oiseaux sont territoriaux et cantonnés toute l’année sur leurs territoires et leurs sites de nidification, même en l’absence de reproduction en cours. Tout dérangement, même en l’absence de reproduction en cours ou hors période de reproduction, peut avoir une incidence négative sur la reproduction de l’année à venir. Concernant le rayon de 300 mètres des bulles de quiétude, il est cependant insuffisant. De nombreuses publications le montrent et notamment celle de la LPO PACA « Dérangement anthropique des rapaces rupestres : état des connaissances et mesures de protection » (janvier 2022). Elle démontre que pour l’aigle royal, le « diamètre de dérangement » est de 800 mètres et pour le faucon pèlerin de 500 à 750 mètres. Si la création de ces 4 bulles de quiétude est une très bonne chose, le diamètre proposé reste insuffisant pour atteindre l’objectif visé de protection des rapaces, c’est pourquoi nous proposons un rayon de 500 mètres qui, sans être le rayon optimum sur un plan écologique, permettra de mieux préserver les rapaces tout en permettant la poursuite d’une activité de vol non moteur (parapente, planeur, deltaplane) car ce site est très prisé par les pratiquants de ces loisirs.
  • Les suivis réalisés sur la population d’aigles royaux en Isère font état d’une population d’environ 53 couples (L’Aigle royal en Isère Synthèse 2019 et 5ème bilan après 45 ans de suivi, Bernard Drillat – décembre 2020). Ces oiseaux sont cantonnés sur les massifs de l’Isère (Vercors, Chartreuse, Belledonne, Taillefer, Oisans…). Ces suivis indiquent que le survol est le facteur de perturbation le plus important constaté ces dernières années sur les sites de nidification. Ces survols sont effectués par plusieurs types d’aéronefs, mais ce sont les planeurs (dont motorisés : motoplaneurs) et les parapentes qui constituent les plus grandes perturbations, du fait surtout des survols lents et répétés, à basse altitude et souvent très près des falaises, notamment pour les planeurs, et ce à une distance parfois bien inférieure aux 150 mètres actuellement imposés par la réglementation aérienne (DGAC) qui devrait pourtant s’appliquer a minima en tous lieux. Les sites les plus soumis à perturbation sont évidemment ceux situés sur les versants bien exposés et/ou à proximité des aires d’envol comme le secteur du Moucherotte. Les activités humaines et travaux dans les milieux rupestres réduisent également les habitats favorables aux espèces rupestres, impactant ainsi les populations d’espèces emblématiques, patrimoniales et fragiles. Par ailleurs, en 2023, une campagne d’empoisonnement dans le nord Dévoluy a abouti à la découverte de 6 aigles empoisonnés au Carbofuran (insecticide agricole interdit en France et en Europe depuis plus de 20 ans !) et en plus à la disparition constatée de 10 autres aigles parmi les couples territoriaux de ce secteur du sud Isère.
  • Le projet d’APPB interdira le survol du périmètre à tout type d’aéronef motopropulsé, qu’il soit télépiloté ou non, à une distance inférieure à 300 mètres au-dessus de la ligne de crête et à distance horizontale de la falaise. Cette interdiction est une très bonne chose car il est facile de constater que sur ce site, même la limite de survol de 150 mètres actuellement en vigueur n’est pas respectée (avions, drones…). Cette interdiction apportera une quiétude favorable aux aigles royaux, faucons pèlerins, mais aussi aux chamois, bouquetins et ainsi qu’aux promeneurs qui cherchent la sérénité et le calme dans ces lieux.
  • Comité consultatif : l’APPB va instaurer un comité de suivi composé des communes concernées par le périmètre, du gestionnaire de l’Espace naturel sensible des Falaises (le PNRV), du Parc Naturel Régional du Vercors, du Conseil départemental de l’Isère, du service départemental de l’OFB, de l’Office National des Forêts, du Conservatoire des Espaces Naturels de l’Isère. « Des experts pourront être associés aux réunions du Comité autant que de besoin ». Ce comité consultatif aura pour mission d’éclairer l’autorité administrative avec les éléments techniques et scientifiques nécessaires, notamment sur les bulles de quiétude qui devraient être activées ou pourraient être désactivées pour la saison à venir, et le cas échéant, quelles nouvelles bulles de quiétude devraient être créées. L’instauration d’un comité consultatif est une bonne initiative et il faut souligner son caractère novateur. Par contre, nous ne comprenons pas pourquoi la LPO AuRA n’est pas nommée comme membre à part entière de ce Comité. La LPO a pleine légitimité à en faire partie au vu de l’importance de l’enjeu rapaces. Nous avons fait cette demande plusieurs fois à l’administration au cours de l’élaboration du projet d’APPB, mais sans suite positive à ce jour.

Nous saluons l’investissement des élu-e-s des communes pour ce projet d’APPB. Il témoigne d’une prise de conscience et une volonté d’agir face à une fréquentation humaine toujours en augmentation des milieux naturels à l’origine de forts dérangements et d’atteintes irréversibles à la biodiversité. Il ne s’agit pas ici d’interdire mais de réglementer afin de préserver notre patrimoine naturel commun à toutes et tous. Cette prise de conscience est générale en Isère mais aussi ailleurs.

En soutenant ce projet d’APPB des falaises du Vercors, vous contribuerez à la préservation d’un site naturel local de premier plan et à la préservation de la Nature.