Le Râle des genêts est un oiseau d’environ 27-30 cm au plumage brun-roussâtre strié de noir et affectionnant les milieux prairiaux à haute couverture herbacée. On le retrouve très majoritairement dans les prairies de fauche des plaines alluviales, mais également dans les prairies d’altitude. C’est un oiseau peu visible qui se repère surtout à son chant particulier, un « crex crex », qui lui a d’ailleurs valu son nom latin, qu’émettent les mâles toute la nuit pour attirer les femelles.
C’est une espèce qui a connu un fort déclin en France et qui est classée « En danger » sur la liste rouge nationale. En quelques dizaines d’années, la population française a connu un déclin majeur de son effectif et une rétractation de son aire de répartition, alors qu’elle était répartie sur l’ensemble du territoire. En France, l’espèce a vu ses effectifs passer de 2 450 mâles chanteurs maximum en 1982-1984 à 128-150 mâles chanteurs en 2018 et à 205-227 en 2020 pour ensuite redescendre à 64-77 en 2022 (Broyer, 1985 et données PNA, 2020). L’espèce bénéficie d’un PNA, décliné en Auvergne-Rhône-Alpes depuis 2021. Dans le cadre de ce PNA, la LPO réalise des suivis sur plusieurs départements où des observations récentes de l’espèce ont été documentées, grâce au soutien financier de la DREAL AuRA.

En Auvergne, quelques rares observations ont été relevées, dans les massifs du Sancy (15/63) et du Cantal (15), ainsi que sur le Mézenc (43). En revanche, aucune preuve de reproduction n’avait été documentée, jusqu’à la découverte en 2024 d’un cadavre de jeune écrasé au bord de la route en Haute-Loire. Au printemps 2025, l’espèce a été repérée sur les plateaux Mézenc/Gerbier/Devès, situés entre Haute-Loire et Ardèche, avec la découverte d’un mâle chanteur le 31 mai du côté altiligérien. Plus de 10 bénévoles de la Haute-Loire se sont mobilisés au pied levé pour réaliser le suivi. Et ce n’est pas moins de 22 mâles chanteurs qui ont ainsi été comptabilisés ! (12 côté Haute-Loire et 10 côté Ardèche)
Le râle des genêts nichant au sol, les fauches, rapides, simultanées et de plus en plus précoces, provoquent la destruction directe des nids et des juvéniles non volants. C’est pourquoi, afin de préserver les nids potentiels jusqu’à l’envol des jeunes, la LPO a pris contact avec les agriculteurs pour pratiquer un retard de fauche des parcelles occupées (un financement est actuellement recherché pour les indemniser). Et c’est le mardi 29 juillet que des bénévoles LPO et des agents de la Région ont pu observer 4 jeunes râles des genêts en suivant la fauche retardée de 16 ha de prairies naturelles humides sur la zone Natura 2000 du Mézenc ! Un moment d’exception et la récompense d’un long travail de repérage et de préparation par les équipes sur le terrain.

A l’avenir, une attention sera portée sur ces zones humides d’altitude qui accueillent cette espèce. Une concertation avec les acteurs sera menée pour obtenir éventuellement plus de retard de fauche mais également de pâturage sur les zones concernées, le changement climatique favorisant les récoltes précoces de l’herbe. Cette espèce est classée « En Danger » dans la liste rouge des oiseaux nicheurs de France, « En danger critique » pour l’Auvergne et « Espèce disparue » pour la partie Rhône-Alpes. La région Auvergne-Rhône-Alpes a désormais une réelle responsabilité dans la conservation de cette espèce.
Menaces en zone de reproduction :
- Intensification de l’agriculture : les fauches précoces, rapides et simultanées provoquent la destruction directe des nids et des juvéniles non volants, puis moins intensément la mortalité des adultes. Elles induisent aussi la perte du couvert nécessaire aux individus jusqu’à la fin de la période de reproduction.
- Disparition des prairies et des zones humides : la disparition des habitats des Râles des genêts est due à l’artificialisation des sols, la régulation des crues, les conversions en cultures de maïs, tournesol ou céréales, l’abandon des prairies…
- Autres menaces moins étudiées : changement climatique, inondations des nichées notamment par des crues printanières.
En période de migration et d’hivernage les menaces restent non étudiées hormis des chasses aux filets réalisées sur des voies migratoires et touchant les Râles des genêts.