Le 27 février dernier, une jeune pygargue à queue blanche réintroduite dans le cadre d’un programme de sauvegarde de l’espèce avait été retrouvée, tuée par balle, en Isère. Un braconnier avait été rapidement identifié comme responsable du tir suite à une enquête de l’Office français de la biodiversité (OFB). La LPO et Les aigles du Léman avaient porté plainte et attendaient des sanctions à la hauteur des enjeux de conservation de ce rapace rarissime.
Dans un jugement rendu ce 17 juillet suite à une audience tenue le 13 mai 2024, le Tribunal correctionnel de Grenoble a condamné l’accusé à quatre mois de prison avec sursis et 61 301 € de dommages et intérêts à verser aux associations de protection de la nature qui s’étaient constituées partie civile. Son permis de chasse lui a été retiré et il fait l’objet d’une interdiction de détenir et porter une arme pendant trois ans.
Son demi-frère, présent au moment des faits, a été relaxé de « complicité de destruction d’un espèce protégée » mais s’est vu infliger deux amendes pour avoir déplacé le corps de l’animal et pour « conservation d’une espèce protégée« . Dans sa décision, le tribunal a noté que ces infractions sont les plus hautes prévues par le code de l’environnement et relèvent de la criminalité grave dans ce domaine.
La jeune pygargue femelle s’appelait Morzine. Née au parc animalier « Les aigles du Léman », elle avait été relâchée le 4 septembre 2023 dans le cadre d’un programme de réintroduction de 85 pygargues dans les Alpes d’ici 2030.
Sur 14 individus ainsi mis en liberté depuis 2022, 3 sont déjà morts abattus. En avril 2023, Sciez, un jeune mâle, a en effet été tué en Allemagne dans des circonstances sordides. Un autre a été abattu dans le Gers en octobre 2023, l’enquête de l’OFB est toujours en cours. Le 30 août prochain, deux personnes seront jugées par le tribunal de Troyes pour la mort d’un quatrième pygargue découvert en mai 2024 dans les Ardennes, empoisonné au Carbofuran, un insecticide interdit en France depuis 2008.
Le Pygargue à queue blanche est le rapace nicheur le plus rare de France métropolitaine avec 5 couples reproducteurs recensés sur le territoire pour moins d’une trentaine d’individus au total. L’espèce avait officiellement disparu de notre pays en 1959 avant de s’y reproduire de nouveau à partir de 2015. Elle bénéficie d’un Plan national d’action animé par la LPO, dont fait partie le programme de réintroduction.