Nous franchissons aujourd’hui la barre des 100 000 oiseaux décomptés depuis le 16 juillet. L’heure est au résumé du déroulement des dernières semaines depuis mi-aout.

Fin aout et début septembre riment avec bondrée apivore. Ce rapace, réputé grand consommateur d’hyménoptères, quitte ses quartiers de reproduction européens dans une période très brève d’une à deux semaines. Cette saison malheureusement, nous n’aurons pas pu profiter d’un passage intense pour cette espèce avec seulement 1274 individus, soit l’année la plus faible depuis le suivi salarié. Les conditions météorologiques sur le pic de passage étaient globalement chaudes et peu ventées, cela a pour effet de ne pas concentrer le flux sur le défilé de l’Ecluse mais haut sur le Jura ou plus loin sur le Bassin Genévois.

Bondrée apivore © Guillaume Allemand
Bondrée apivore © Guillaume Allemand

L’autre espèce phare de la transition aout-septembre est la cigogne blanche, le grand voilier par excellence est parmi les oiseaux les plus appréciés du public. On a pu constater une évolution croissante des effectifs de cette espèce depuis quelques décennies, en effet celle-ci se porte très bien et la population européenne est en augmentation constante. Le spectacle des groupes passant le plus souvent du côté Salève est toujours magique, cette saison est pour l’instant la deuxième meilleure après 2023, plusieurs pics journaliers ce sont dessinés avec notamment 619 individus le 26 août ou encore 589 le 31 août. Le principal est déjà passé, nous aurons maintenant sûrement la chance d’apprécier les dernières en octobre.

Vol de cigognes blanches
Cigognes blanches – Barbara Forest

Comment aborder cette période sans parler du Guêpier d’Europe, la touche colorée d’une saison de migration. Leurs cris envoûtants ont rythmé de nombreuses journées, laissant les observateurs silencieux affairés à chercher les groupes dans le ciel. Ce cru 2024 est le record pour cette espèce avec 972 individus contactés. La tendance à l’augmentation des populations du Léman peut être une des explications à cette évolution.

La famille des ardéidés comporte deux espèces principales du suivi : le héron cendré et la grande aigrette. Le site a un intérêt majeur dans leur passage à échelle française et même européenne. Ces oiseaux sont des migrateurs nocturnes, cependant ils décollent très souvent le soir et finissent leur passage au cours de la matinée. Nous avons eu la chance d’apprécier des ambiances magiques lors du 28 août avec 167 hérons, également 70 grandes aigrettes et 104 hérons le 18 septembre ou encore 224 hérons le 29 septembre. L’effectif global culmine à 1937 individus pour le héron cendré, le record saisonnier est imminent. De nombreuse grandes aigrettes sont encore attendus par la suite.

Quelques lignes pour les hirondelles, rappelons qu’il est difficile d’être exhaustif pour ces espèces du fait qu’elles peuvent passer de tous les côtés de la sphère. Nous pouvons tout de même relever une tendance cette saison avec des effectifs très élevés pour les hirondelles de fenêtre mais cependant des effectifs relativement bas pour l’hirondelle rustique. Il est important de garder en tête le fait que ces espèces sont parmi les premières victimes des actions humaines. Les principales causes sont la disparition des insectes causée par l’utilisation excessive de pesticides ou encore la disparition de leurs habitats, les rénovations répétitives et les constructions modernes ne laissant aucune chance de nidification, pour finir le dérèglement climatique a causé la multiplication des phénomènes météorologiques pouvant parfois décimer des milliers d’individus. Nous nous devons de produire des efforts pour la préservation de ces espèces et leurs milieux.

Une hirondelle de fenêtre en vol
Hirondelle de fenêtre © Pierre-Laurent Lebondidier

En migration, septembre porte un surnom qui le définit très bien : mois de la diversité ! Busards, faucons, milans, cigognes, balbuzards… tout y est ! Les busards des roseaux nous ont offert des belles sessions cette saison, 45 le 1er septembre, 48 le 6 septembre ou encore 39 le 29 septembre. En comparaison avec les dernières années, le total est plutôt élevé, quelques dizaines d’individus sont encore attendus d’ici mi-novembre. Les balbuzards se sont montrés presque tous les jours, avec un pic journalier tardif de 9 individus le 30 septembre.

Les pigeons colombins atteignent leur pic de passage lors de la dernière semaine de septembre et la première d’octobre. Ainsi chaque jour, nous avons droit au clignotement des vols de ce magnifique columbidé, souvent dans les belles lumières de fin d’après-midi.

Un petit mot pour le grand cormoran, les plus grosses journées sont à venir, mais n’oublions pas que le défilé de l’écluse est le site majeur de passage post-nuptial pour cette espèce. Ainsi chaque matin, les lignes passant à différentes distances apportent une ambiance particulière, parfois durant les toutes premières minutes de comptage.

Nous entrons maintenant dans la période clé pour les rapaces du mois d’octobre, les milans royaux, buses variables, éperviers d’Europe et faucons crécerelles. Ils sont déjà omniprésents ces derniers jours avec par exemple 1441 milans le 29 septembre et 1578 le 2 octobre. Les faucons crécerelles nous ont offert une journée exceptionnelle lors 29 septembre, après une semaine de météo capricieuse, ce sont 504 individus qui ont défilé toute la journée faisant de cette session la deuxième meilleure du site et l’une des meilleures à échelle française également.

Milan royal – Sati Boulicot

Vous pouvez retrouver nos salariés et bénévoles tous les jours sur site, qui seront ravis de vous accueillir et de répondre à vos questions. Retrouvez nos observations mises à jour quotidiennement sur : https://www.trektellen.nl/count/view/2422/20240724

Sati et Tiphaine