Le 16 avril, comme chaque année, le dispositif de Moras a été démonté mettant ainsi un terme à la cette saison de sauvetage.
Pendant une matinée, ce sont six personnes qui ont retiré les seaux, filets, piquets et rubalises pour rendre au terrain son aspect habituel. Ce chantier de fin, plus rapide que le celui de pose, a tout de même pris toute une matinée (contre une matinée et la moitié de l’après-midi).

Le suivi étant terminé, nous pouvons faire le point sur cette année particulière :
-  La météo a été très particulière cette année. Bien plus humide qu’en 2022, le sol est resté gorgé d’eau jusqu’à tard dans la saison. Bien que cela ne se soit pas trop fait ressentir (quelques seaux ont dû être replacés), cette humidité a accentué la création de petites ornières sur le chemin, où de nombreuses larves de salamandres tachetées (Salamandra salamandra) se sont développées.
Il y a également eu deux épisodes de neige sur les filets contre un en moyenne chaque année.
-  Les résultats : cette année a été la pire en termes d’effectifs pour la sauvegarde des amphibiens, et ce, malgré le nombre d’heures croissant passé chaque année sur le terrain.
Nous dénombrons ainsi 361 captures d’amphibiens se divisant entre les adultes (190 contre 468 l’année précédente) et les immatures (171). L’effectif cumulé depuis 2010 est de 8 151 individus.
Au niveau des adultes, la quasi-totalité des espèces a diminué depuis l’année 2023 et même depuis 2022, année record du nombre de captures (664 adultes). Seuls les effectifs de tritons alpestres (Ichthyosaura alpestris) sont en hausse de 44% par rapport à l’année 2023 (26 captures contre 18 en 2023). La moyenne pour cette espèce est à 40 individus depuis 2010 ; cette année est légèrement meilleure que la précédente, mais la tendance globale reste à la baisse.
Pour les immatures, 157 larves de salamandre tachetées se sont retrouvées dans les seaux, auxquelles s’ajoutent 14 grenouilles vertes immatures (Pelophylax sp.). L’année dernière, c’est 242 amphibiens immatures qui ont été sauvés, uniquement des larves de salamandre.

Grenouille verte indéterminée immature

L’espèce avec le plus de diminution est sans précédent la grenouille rousse, Rana temporaria, avec une diminution de 97% par rapport à l’année dernière particulièrement élevée (4 captures cette année, 3 femelles et 1 mâle, contre 124 en 2022 avec 41 femelles et 83 mâles). Cette diminution peut être expliquée par le fait que ces grenouilles migrent plus tôt que les autres et, l’hiver ayant été relativement clément, elles auraient pu passer avant la pose des filets.
Autres diminutions d’adultes d’amphibiens par rapport à l’année dernière : après les grenouilles vertes, qui comptabilisent deux captures d’adultes en 2024, comme en 2023, c’est le crapaud commun/épineux (Bufo bufo/spinosus), qui éponge d’une diminution de 9% avec 62 captures dont un amplexus (reproduction) entre 3 individus.

Crapauds communs

Les grenouilles agiles (Rana dalmatina) sont les troisièmes amphibiens à subir le moins de pertes (une baisse de 35% par rapport à l’année passée) avec 46 individus sauvés (contre 71 en 2023). Cette espèce présente le plus grand nombre d’amplexus (2).
Ensuite, ce sont les Tritons palmés qui, avec 28 captures, voient une diminution de 71% par rapport aux captures de l’année passée (97 individus sauvés).

Tritons palmés

Enfin, les Salamandres tachetées adultes sont en bas du classement avec 22 individus sauvés, soit une baisse de 75% par rapport à l’année précédente (88 individus trouvés dans les seaux).

Côté bénévoles, ce sont 30 personnes différentes, sans compter les classes de BTS de la MFR de Mondy, qui ont pu nous assister pour les relevés des seaux. Tout ce temps, bénévole et salarié, a pu être quantifié : 53h et demie ont été passées aux côtés des seaux, soit 3208 minutes !

La LPO tient à remercier toutes les personnes s’étant impliquées dans le projet : Simon, le jeune en service civique, qui s’est fortement investi au quotidien dans cette action, les élèves de BTSA GPN de la MFR de Mondy, qui ont participé au chantier d’installation, cette année, et les bénévoles s’étant chargés de la réalisation d’un ou de plusieurs relevés. Bien que cette année n’ait pas été très bonne, cette action est très importante sur le territoire Drôme-Ardèche et elle n’aurait pas pu être menée sans leur aide.

Le protocole sur les mares réalisé à côte du site d’écrasement ainsi que la saison prochaine de sauvetage d’amphibiens permettra d’analyser la cause de la diminution soudaine des crapauds, tritons et grenouilles à Moras-en-Valloire.


Merci à toutes et à tous, et à l’année prochaine !