Financée par Valence-Roman agglo, la LPO mène la première étude notable sur la présence de l’Azuré du Serpolet en plaine de Valence. Phengaris Arion, de son nom scientifique, est un papillon aux tons bleutés, en déclin, protégé à l’échelle nationale depuis 1993. Son écologie complexe couplée aux nombreuses menaces agricoles, écologiques et urbaines qui dégradent son milieu de vie ne facilitent pas le développement de ce papillon.
Sur la même dynamique, une autre étude est menée en parallèle par la LPO Drôme-Ardèche et financée par le Parc naturel régional des Baronnies provençales sur l’Azuré de la Sanguisorbe, un papillon également en déclin et protégé à l’échelle nationale. Menée en Vallée de la Drôme et de l’Oule, elle a pour but une mise à jour des connaissances sur l’espèce et sur sa présence dans les Baronnies.
Ces deux études sont menées sur 2024 et 2025 par le responsable du projet : Clément Chauvet, naturaliste à la LPO AuRA. Pour cette première saison de capture, j’ai suivi deux stagiaires en master d’écologie mandatés pour faire un état des lieux sur la présence des populations de ces deux papillons dans leurs milieux de vie respectifs.
Le cycle de vie complexe de ces deux papillons rend leur étude pluridimensionnelle. En effet, non seulement la reproduction de ces espèces dépend d’une plante exigeante, mais le développement et la survie de leurs larves est également tributaire de son adoption par une colonie de fourmis bien spécifique, les Myrmica. L’écologie de ces papillons, fascinante de par sa grande fragilité, est représentée ci-dessous :
Cycle de vie de l’Azuré du Serpolet :
Cycle de vie de l’Azuré de la Sanguisorbe :
Antoine Albisson mène l’étude sur l’Azuré de la Sanguisorbe (Phengaris teleius) et Lucas Leconte-Deslaugiers celle sur l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion). Les nombreuses similitudes que partagent les deux espèces de papillons leur auront permis de travailler main dans la main de mars à septembre, échangeant sur leurs constatations et s’entr’aidant grandement dans cette quête aux petits bleus !
Vu les nombreux acteurs entrant en jeu lors de la vie de ces azurés et afin de récupérer un maximum de données exploitables, ils ont mis en place un protocole très précis, applicable pour leurs deux études, que l’on peut diviser en trois étapes bien distinctes :
- La prospection de zones montrant une forte présence d’origan ou de grande sanguisorbe, les plantes hôtes de ces deux papillons ;
- La mise en place de dispositifs sur certaines de ces zones favorables afin de piéger les fourmis environnantes puis d’établir s’il y des colonies de Myrmica, les fourmis hôtes de ces azurés ;
- La capture au filet puis le marquage et le comptage des individus lors de leur période de vol.
En plus de leur cycle de vie aux nombreuses similitudes, l’azuré du serpolet et celui de la sanguisorbe ont une apparence presque identique ; heureusement, il est assez rare d’en voir sur un même lieu au vu de l’environnement très différent dans lesquels poussent leurs plantes hôtes (plantes de pontes).
Malgré cela, il est possible de les différencier de manière certaine grâce aux petites taches sur la face inférieure de leurs ailes qui sont beaucoup moins grosses et étirées chez l’azuré de la sanguisorbe.
Les deux espèces sont menacées pour de multiples raisons : changement de pratiques agricoles, fermeture des milieux à l’origine ouverts et favorables, drainage des prairies humides pour favoriser l’agriculture, changement climatique et urbanisation… L’enjeux de ces deux études est toutefois le même : connaître l’état des populations sur les territoires et les lieux dans lesquels on les rencontre afin d’en assurer au maximum la protection. Il s’agit d’une urgence au vu de la disparition progressive déjà en cours dans notre région de ces deux magnifiques papillons.
C’est donc rythmées par la découverte d’une multitude de terrains ainsi que par des semaines à courir derrière les papillons filet au poing que se sont déroulées les études d’Antoine et de Lucas !
A suivre : La chasse à l’origan et à la sanguisorbe
Joaline Baudouin