En Drôme, l’Outarde canepetière présente une petite population installée en milieu viticole à l’extrême sud du département sur les communes de Suze-la-Rousse, Tulette et Rochegude.
Elle représente à ce jour la plus importante population reproductrice connue de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Depuis 2021 entre 20 et 25 mâles chanteurs sont contactés dans ce secteur lors des comptages simultanés.
L’outarde apprécie les milieux ouverts et présentant un couvert herbacé pour sa reproduction. Sur la zone de présence drômoise, les observations de reproduction ont historiquement été réalisées sur les friches viticoles. Celles-ci sont mises en place entre l’arrachage et la replantation des vignes ; ces parcelles favorables restent donc mouvantes et soumises au renouvellement des vignes.
Ainsi, afin de sécuriser des parcelles favorables à l’espèce, deux parcelles de friches situées au cœur de la zone de présence de l’Outarde canepetière ont été acquises en 2019 par la LPO grâce aux dons de sympathisants, et particulièrement, grâce à une forte mobilisation du groupe local du Nyonsais. Elles représentent au total une surface d’environ 6 000 m² (l’une d’environ 3 600 m² et l’autre de presque 2 500 m²).
Localisées dans une zone avec une forte activité viticole, les parcelles de friches sont de vrais réservoirs de biodiversité, accueillant notamment de nombreuses espèces d’oiseaux en période de nidification. C’est le cas de l’outarde qui fréquente ce type de milieu à la fois pour s’alimenter et pour se reproduire. Avec par exemple les poussins d’outardes qui peuvent se nourrir des orthoptères présents et se cacher des prédateurs.
Ces parcelles et les alentours accueillent le cortège habituel associé aux milieux ouverts dans le sud de la Drôme, comme par exemple l’Alouette des champs, l’Alouette lulu, le Pipit rousseline, la Linotte mélodieuse, le Rollier d’Europe, le Cochevis huppé ou encore la Huppe fasciée.
D’autres espèces plus localisées nichent à proximité et peuvent venir s’alimenter sur ces deux parcelles, c’est le cas de l’Œdicnème criard et de l’Outarde canepetière.
Ces deux parcelles acquises grâce aux dons de sympathisants de la LPO de Drôme-Ardèche font l’objet d’une gestion spécifique pour convenir à la nidification de l’outarde (hauteur et densité de végétation, ressources suffisantes en orthoptères, dates d’intervention…). Ces deux parcelles étaient d’anciennes vignes enfrichées et plusieurs chantiers participatifs ont été organisés avec les bénévoles.
Dans un premier temps, l’objectif a été de retirer les ceps de vignes et de les disposer en tas répartis les parcelles. L’arrachage des ceps de vignes restants a été indispensable pour ne pas être soumis à l’obligation préfectorale de traitements insecticides des parcelles dans le cadre des obligations de lutte contre la cicadelle transmettant la flavescence dorée.
Des nichoirs à Chevêche d’Athéna ont été placés à l’intérieur des tas de ceps. Un travail du sol avec une bineuse tractée par un mulet a été réalisé dans cette même parcelle pour semer du sainfoin. Cette plante adaptée aux conditions sèches est très appréciée par les outardes qui mangent les jeunes pousses et l’utilisent comme lieu de nidification au vu de sa densité.
Sur les deux parcelles, des tailles ont été réalisées sur les arbustes (aubépines, chêne) et un important travail de réouverture a été effectué, avec notamment l’arrachage de repousses de vignes, la fauche des parcelles avec des hauteurs de végétation variables, coupe d’espèces ligneuses comme la clématite, la ronce ou le prunellier qui en se développant forment des massifs arbustifs denses défavorables aux espèces nicheuses en milieux cultivés comme l’alouette ou l’outarde.
Début 2023, un chantier commun avec l’ESAT de Roaix et les bénévoles LPO a été organisé sur l’une des deux parcelles pour rouvrir le milieu à l’aide d’engins mécaniques.
La zone de présence de l’outarde en Drôme est marquée par la prédominance de la viticulture. Ainsi, l’intégration de gestions favorables pour l’espèce doit se faire en lien étroit avec les acteurs du territoire, et en premier lieu avec les viticulteurs. En parallèle de la gestion de ces deux parcelles, des mesures sont mises en place avec les agriculteurs du secteur. Par exemple, en assurant la conservation de couverts favorables (mélange légumineuse/graminée) à l’espèce et en proposant une gestion adaptée avec notamment des dates de fauche respectant la période de nidification.
Il n’existe pas de réglementation particulière mais des panneaux en bordure de parcelle :
LPO AuRA
100 rue des Fougères
69009 Lyon
LPO AuRA
100 rue des Fougères
69009 Lyon