Suite à la décision du conseil d’État du 8 juillet 2024, favorable aux pêcheurs, le Ministère de la transition écologique et solidaire vient de soumettre à la consultation du public une proposition d’arrêté fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de perturbation intentionnelle et de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant les grands cormorans.

Les Préfets pourront à nouveau attribuer des plafonds de tir de destruction en eaux libres, dans la limite de 20% de des effectifs départementaux de Grand Cormoran en cas de dommages liés à la prédation, et « à condition qu’un impact significatif soit avéré sur les espèces piscicoles protégées ». Ces plafonds de tirs en eaux libres ajoutés à ceux en piscicultures offrent la possibilité de tirer annuellement près de la moitié de la population hivernante de Grand Cormoran (soit environ 43%). 

La LPO considère que ces niveaux de prélèvement sont inacceptables et ne représentent en rien une réponse efficace aux difficultés rencontrées par les professionnels.

Pour rappel, et malgré l’absence de recherche alternative d’adaptabilité des piscicultures, la LPO n’a jamais « remis en question » les tirs liés aux dégâts sur les piscicultures.  En revanche, la LPO s’oppose catégoriquement aux tirs de régulation en eaux libres sans justification scientifique. Il n’existe en effet pas de preuve que le Grand Cormoran, espèce opportuniste, nuise aux populations de poissons sauvages autochtones rares et/ou menacés en France.

En résumé, la LPO s’oppose à :

  • L’allongement de la période de tirs « ordinaires » en piscicultures de 2 mois (du 28/02 au 30/04) avec la possibilité d’opérations complémentaires toute l’année ;
  • L’ajout de tirs d’effarouchement (sonores et visuels) pendant la période de reproduction.  Au-delà des cormorans, nous considérons que ces tirs représentent un risque de dérangement pour toutes les espèces protégées ;
  • La fixation des « plafonds » à l’échelon préfectoral, trop souvent soumis aux pressions locales et parfois très éloigné de l’intérêt général. Le niveau ministériel permet une cohérence nationale et ajustée au regard des données de recensement de la population hivernante tous les 3 ans ;
  • Le transfert du reliquat de plafonds non atteint des piscicultures vers les eaux libres (ou vice et versa) pendant la même campagne ou d’une saison à l’autre en piscicultures.  Il s’agit de plafonds, l’atteinte des plafonds n’est pas un objectif, il faut que les tirs soient fondés scientifiquement, proportionnés à l’impact, l’idée de report d’un type de territoire à l’autre ou d’une année sur l’autre sont contraires à ces principes ;
  • Enfin, la LPO déplore l’action de l’État dans la précipitation puisqu’il a mis en ligne la consultation publique le 18 octobre en oubliant d’ajouter l’avis DÉFAVORABLE du Conseil National de la protection de la Nature du 16 octobre dernier !

La LPO vous demande donc de déposer vos observations défavorables à ce projet d’arrêté régressif avant le 8 novembre 2024 et de vous opposer :

  • à l’extension de la période de tirs et d’effarouchement pendant la période de reproduction (au-delà du 28 février) notamment en raison des risques de dérangement des espèces protégées surtout des colonies d’ardéidés.  La période de tirs ne devrait pouvoir s’étendre au-delà de la période légale de chasse ;
  • à la possibilité de report des plafonds non atteints d’une saison à la saison suivante en piscicultures ou d’un territoire à l’autre (piscicultures vers eaux libres ou vice et versa) au cours de la même saison ;
  • Toute mesure permettant de faciliter les tirs en eaux libres (rivières et fleuves…) sans justifications telles que définies dans le régime dérogatoire.

Le grand cormoran a toute sa place dans nos paysages en tant que prédateur originel des cours d’eau français et faire de cet oiseau le bouc-émissaire de la régression des poissons d’eau douce est un non-sens !

MERCI D’AGIR ET DE MOBILISER AUTOUR DE VOUS !