Début juillet 2023, les équipes de l’association AETOS ont posé une balise GPS sur une jeune aigle royale, en partenariat avec la LPO Auvergne-Rhône-Alpes.
Revenons sur les résultats de ces 6 premiers mois de suivi pour découvrir le domaine vital de l’oiseau et de ses parents.

L'aigle lors de la pose de son GPS
L’aigle lors de la pose de son GPS © AETOS

La pose : comment, pourquoi ?

Le 4 juillet, AETOS (Association d’étude des territoires des oiseaux de Savoie) est intervenue sur le nid d’un couple d’aigles royaux pour installer une balise GPS sur leur oisillon, une femelle alors âgée de quelques mois. Cette pose a été réalisée dans le cadre du suivi de l’impact en Tarentaise (Savoie) des milieux très anthropisés (stations de ski, lignes électriques, routes enclavées…) sur les domaines vitaux des grands rapaces.

Pour Mylène Herrmann, en charge du suivi de baguage à AETOS « Les informations sur les aigles royaux sont très difficiles à obtenir, on ne comprend pas toujours notamment les causes de mortalité. La pose de GPS et de bagues est la seule technique qui permet d’avoir une information la plus complète possible pour ensuite agir efficacement.« 
Côté LPO, « La LPO Auvergne-Rhône-Alpes s’est associée à ce projet en finançant le GPS et la pose pour comprendre davantage le territoire, les lieux de vie et les déplacements des aigles royaux dans le secteur. Ces informations nous importent pour mener des actions concrètes de protection de l’espèce. » complète Marie-Paule de Thiersant, présidente de la LPO AuRA.

Le comité territorial de la LPO de Savoie a même pu donner un nom à cette jeune aigle royale : Maria, en hommage à Maria Callas dont c’était le centenaire en 2023.

Les résultats

Depuis le 4 juillet et 2 fois par jour, le GPS installé sur Maria envoie des coordonnées de localisation pour donner de nombreuses informations pour son suivi. On sait dès lors le parcours qu’elle effectue, mais aussi, si elle vole, plane, se pose…

tracé du parcours de l'aigle

L’analyse de ces tracés permet d’indiquer plus largement le domaine vital de Maria, c’est-à-dire l’ensemble des milieux qu’elle utilise pour chasser, se nourrir, se poser… Et comme il s’agit encore d’un jeune oiseau en pleine période d’élevage et d’émancipation, les informations recueillies permettent aussi de connaître le domaine vital de ses parents.

Par rapport à ce que pourrait être le domaine vital des aigles royaux (notamment en se référant à la littérature), on constate que celui de ce couple est très petit ! Environ 1/3 de ce qu’il pourrait être au vu de l’espèce.

domaine vital de l'aigle royal

On constate surtout que les oiseaux évitent la station de ski de la Plagne, qui offre pourtant des milieux assez ouverts et des forêts où niche le tétras lyre, proie de choix pour l’aigle. Est-ce parce qu’il y a trop de dangers dans la station, ou que la ressource alimentaire est suffisante ailleurs ?
Dans tous les cas, ce sont des territoires favorables (milieu, ressource alimentaire) qui ne sont pas investis dans cette station.

AETOS et la LPO, grâce à l’aide d’un groupe de bénévoles, vont continuer de suivre régulièrement le parcours de Maria, afin de comprendre ses déplacements, même une fois qu’elle sera totalement émancipée.

En savoir + sur l’aigle royal

L’aigle royal, majestueux rapace de nos montagnes, est un oiseau sédentaire qui niche en général dans des habitats rupestres comportant des espaces ouverts pour la chasse.
Il peut voir un lapin à plus d’un kilomètre, car sa vue est 8 fois plus développée que celle de l’humain.
Reconnaissable à ses longues ailes qui se terminent comme des doigts, son envergure peut atteindre 2,30 mètres. Il atteint sa majorité sexuelle à l’âge de 4-5 ans ; la femelle pond 1 à 2 œufs.
Il y a actuellement 74 couples connus d’aigles royaux en Savoie, dont 26 en Vanoise et 14 dans le Beaufortain.

Aigle royal
Aigle royal © Ollivier Daeye