Le 15 juin 2023, le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires a ouvert la consultation publique concernant le classement triennal du groupe 2 des « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » (ESOD) pour la période 2023-2026.
Le projet d’arrêté ministériel renouvelle au niveau national la liste nationale actuelle des 9 espèces d’ESOD, 4 mammifères et 5 oiseaux : la Martre des pins, la Belette, la Fouine, le Renard roux, la Pie bavarde, le Geai des chênes, la Corneille noire, le Corbeau freux et l’Étourneau sansonnet. Selon un tableau de répartition géographique annexé à l’arrêté, chacune de ces espèces est alors classée ESOD à l’échelle d’un département ou sur un nombre limité de communes ou de cantons, où elle pourra être détruite tout au long de l’année en quantité illimitée.
Ces millions d’oiseaux et de mammifères ainsi tués chaque année ne sont pas consommés, les dégâts commis sont rarement prouvés, l’efficacité de leur destruction n’est pas démontrée, les alternatives non létales ne sont quasiment pas mises en œuvre ni même envisagées et leur importance dans le fonctionnement des écosystèmes naturels n’entre pas en ligne de compte. Pourtant ces présumés coupables sont condamnés à mort en raison d’hypothétiques dégâts qu’ils seraient susceptibles d’occasionner aux activités agricoles, essentiellement les cultures de céréales, les vignes, les vergers et les élevages de volailles.
Nous vous encourageons vivement à participer à cette consultation pour faire entendre votre opposition au projet d’arrêté ! Votre soutien est important. S’ils se prononcent massivement contre le texte proposé, les résultats de la consultation publique peuvent influer sur la décision finale ou constituer des arguments utiles dans la perspective des recours juridiques éventuels qui seront engagés par la LPO.
IMPORTANT : Pour que votre avis soit comptabilisé, nous vous invitons à le personnaliser avec un court argumentaire adapté à votre département ainsi qu’à ses spécificités géographiques, économiques et humaines. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à consulter la rubrique Présumés Coupables du site de la LPO.
Merci à tous pour votre mobilisation !
Pourquoi s’opposer à l’arrêté ministériel sur les espèces susceptibles d’occasionner des dégâts ?
- La méthodologie utilisée pour procéder au classement est incohérente et infondée en raison de l’absence de données sérieuses sur la réalité des dommages, bien souvent insignifiants, imputés aux espèces présumées coupables et en l’absence de données fiables sur l’état réel des populations de ces espèces et leur dynamique (notamment concernant les mammifères).
- Le « droit à détruire » des espèces est un non-sens écologique. Les dommages constatés devraient d’abord engendrer des solutions localisées dans l’espace et dans le temps, et non justifier une réponse massive concernant la totalité des individus d’une même espèce, comme c’est le cas aujourd’hui.
- Aucune évaluation scientifique n’a été effectuée pour démontrer que les destructions de milliers d’individus de ces espèces permettent de réduire corrélativement les dégâts qui leurs sont imputés.
- La pie bavarde ou le geai des chênes sont également accusés de s’attaquer aux œufs et aux oisillons d’autres espèces mais cette prédation naturelle n’est nullement responsable du déclin des populations d’oiseaux, qui est essentiellement dû à la perte d’habitat et la diminution de la nourriture causées par l’artificialisation et l’agriculture intensive.
- Ces animaux sauvages jouent un rôle dans le fonctionnement des écosystèmes naturels, notamment sur le plan sanitaire : le Geai des chênes, le Corbeau freux, la Corneille noire, le Renard roux et la Martre des pins peuvent par exemple consommer d’autres animaux malades ou morts, .imitant ainsi la propagation de maladies et contribuant à maintenir un milieu en bonne santé. En outre, la prédation des rongeurs par les renards et les fouines permet la diminution du risque de transmission de la maladie de Lyme sur l’homme par les tiques qu’ils véhiculent.
- Plusieurs ESOD sont de véritables auxiliaires des activités agricoles et forestières. En tant que prédateurs spécialistes des petits rongeurs (campagnols, mulots…), le renard, la belette, la martre et la fouine permettent de contenir les populations de ces espèces dans les parcelles agricoles. Par exemple, une belette consomme en moyenne 630 rongeurs dans l’année et le Renard roux jusqu’à 5000.
- Les corvidés (le Corbeau freux, la Corneille noire, la Pie bavarde et le Geai des chênes) participent également à la régénération de la végétation ainsi qu’à sa diversité en dispersant les graines qu’ils consomment. Le geai disperse ainsi plusieurs milliers de glands chaque année dans la nature, ce qui en fait le premier planteur d’arbres de France !
- Des solutions alternatives à la destruction existent et ne sont presque jamais mises en œuvre. Il est ainsi possible de concilier la présence de corvidés et les pratiques agricole s: enfouissement plus profond des semences, meilleure stratification du paysage rural (haies, structures boisées, perchoirs naturels pour rapaces, effarouchement…). Des solutions efficaces existent aussi pour limiter la prédation sur les volailles d’élevage (grillage à mailles étroites suffisamment haut et profondément ancré dans le sol, répulsifs, surveillance…).