Nos associations saluent la décision sage et réaliste prise par le conseil municipal de La Clusaz de suspendre son projet de retenue collinaire de Beauregard, à 1500 m d’altitude, en annonçant la mise en place d’un moratoire sur sa construction. Si cette décision est prise dans l’attente des décisions de justice, nul doute que l’évolution rapide du climat alpin a joué son rôle.
La hausse des températures est particulièrement marquée ces dernières années en Haute-Savoie et le département est affecté par des périodes de sécheresses inédites et prolongées, en toutes saisons. Il n’est effectivement plus raisonnable d’investir pour prolonger l’activité du ski, alors que la réalité montre qu’avec le manque d’eau pour l’ensemble des usages et la douceur des hivers, la stratégie fondée sur la couverture en neige artificielle n’est plus efficace.
La justice a déjà intégré cette perspective. Elle a jugé l’aménagement de la combe de Coulouvrier dans le Grand Massif partiellement illégale. Le juge a notamment mis en doute, dans sa décision du 16 mars 2022, le bénéfice à long terme d’un tel projet d’aménagement situé à relativement basse altitude et dont l’enneigement est aléatoire ; une décision qui fera sans doute jurisprudence.
Plus récemment, le juge administratif a annulé l’ensemble du SCoT de Maurienne, du fait de l’incohérence entre les objectifs annoncés dans le document de prise en compte du changement climatique et la fuite en avant vers le tout ski des aménagements projetés.
Une autre voie pour les Aravis
Pour France Nature Environnement Haute-Savoie : “Nous espérons que face à la réalité du dérèglement climatique et de son impact déjà réel sur notre territoire, la décision de la commune de La Clusaz de moratoire sur le projet de retenue collinaire sera pérennisée. Le plateau de Beauregard est un joyau naturel riche en biodiversité, couvert de forêts et de zones humides qui sont des alliées dans la lutte contre le réchauffement climatique, qu’il faut préserver.”
Pour le collectif Fier-Aravis : “Nous saluons une décision pleine de bon sens, et sommes heureux de constater que les solutions que nous prônons depuis 3 ans sont finalement retenues : remettre en service les sources, éliminer les fuites et interconnecter les réseaux communaux. Nous restons vigilants et demandons que TOUS les habitants soient sollicités pour prendre part, s’ils souhaitent s’investir, à une concertation globale sur l’avenir du territoire.”
Pour Mountain Wilderness : “Le moratoire annoncé par la commune doit être saisi comme une opportunité pour relancer un véritable travail collectif à la Clusaz et dans tout le massif des Aravis. Oui, des désaccords demeurent. Ils ne doivent cependant pas être des blocages mais des leviers pour réfléchir en intelligence collective et ouvrir une nouvelle page, avec tous les acteurs du territoire, pour l’avenir des Aravis ! Et les Aravis pourraient devenir un exemple inspirant pour les transitions ! ”
Pour le collectif Sauvons Beauregard (coalition d’associations et de collectifs) : “Le territoire mérite cet apaisement. Sans une forte coalition de nombreux amoureux de la montagne, d’associations et de collectifs, le Plateau de Beauregard serait aujourd’hui irrémédiablement impacté par cette bassine. Gageons que nous puissions mettre en place une coopération de tous les acteurs du territoire afin que les Aravis deviennent le symbole d’une transition possible.”
Pour la LPO AuRA : “Cette décision de M. le maire de la Clusaz est un énorme pas en avant pour la protection de la biodiversité et des 18 espèces de chauves-souris toutes protégées, présentes sur le site.”