Durant trois mois, plus de 1 300 personnes ont participé à la concertation préalable autour du projet d’aménagement Rhônergia.
La grande majorité des participants a expliqué à la CNR, sur la base de solides arguments s’appuyant sur les quelques chiffres du dossier de concertation, qu’un vingtième barrage sur le Rhône, en amont de Lyon, serait destructeur pour l’environnement, très coûteux (barrage le plus cher d’Europe !) et peu productif en énergie (barrage le moins puissant du Rhône), dangereux pour l’alimentation en eau potable en aval, destructeur de terres agricoles, source d’expropriations pour les riverains actuels du fleuve…

Plus de 8 500 signataires (avec les signatures manuscrites) d’une pétition en ligne ont d’ores et déjà dit NON au projet.
Sur les 53 cahiers d’acteurs rédigés par les associations et les acteurs socio-économiques (comme les CCI, agriculteurs, scientifiques, élus…) 48 sont en défaveur du projet.
Malgré cela, la CNR vient de rendre une réponse semblant ignorer cette large opposition et défend bec et ongle ses positions. Cette position caractérise une fuite en avant pour des intérêts économiques d’une poignée de personnes et au détriment de tout le reste du vivant !

La CNR n’a pas su tirer les enseignements de la concertation

Malgré une forte mobilisation des habitants et des associations, comme de la grande majorité des acteurs socio-économiques et des élus locaux, la CNR vient de rendre des conclusions pour le moins surprenantes, puisqu’elle ne fait pas évoluer son projet, malgré les nombreuses critiques émises. La concertation est balayée d’un revers de la main puisque la CNR affirme avoir déjà apporté toutes les réponses, alors qu’elle a, en réalité, éludé toutes les questions qui fâchent (par exemple la coordination et les liens avec le projet des 2 EPR2, les résultats précis d’analyse des PCB, les calculs des coûts détaillés du barrage, les habitants expropriés par le barrage, etc.)

Les associations environnementales, la communauté scientifique, les élus locaux de même que certains agriculteurs et acteurs publics de l’eau ont dit explicitement :

  • Soit que ce projet est destructeur pour la biodiversité, l’environnement en général, les usagers du fleuve et les habitants ainsi que pour les répercussions sur la ressource en eau.
  • Soit qu’il soulève trop de questions pour être soutenu alors que dans le même temps des alternatives énergétiques socialement, environnementalement et économiquement moins chères et plus acceptables peuvent être réalisées.

Que restera-t-il de la volonté affichée de concertation si la population, les élus, le monde associatif, dont les associations de protection de la nature ou le monde socio-économique ne sont pas écoutés ?

Un projet vide et incohérent avec les priorités nationales et européennes

La CNR justifie le projet Rhônergia par la nécessaire transition vers une énergie « décarbonée », semblant ignorer que la France est tout autant engagée dans un programme d’actions internationales en faveur de la biodiversité. Ces deux priorités nationales ont été rappelées par les garants de la CNDP lors de la concertation préalable.

Sachant que le Rhône français est déjà équipé de 20 ouvrages hydrauliques (ce qui lui confère le triste record du fleuve le plus artificialisé du monde !) et que Rhônergia détruirait de façon certaine et irréversible la biodiversité de cette section du Rhône, nous demandons à l’État de renoncer dès maintenant à ce projet, sans plus dépenser.

Les fonds économisés sur les « études complémentaires » ainsi évitées pourraient être alloués à un projet vertueux et fédérateur de préservation et de valorisation du dernier tronçon de Rhône sauvage. C’est la seule option qui serait en cohérence avec les dépenses publiques (Agence de l’eau, collectivités en charge des milieux humides, etc.) et de la CNR elle-même, engagées depuis des décennies pour atteindre le bon état écologique des cours d’eau, conformément à la Directive Européennes sur l’eau.
Les budgets prévus pour la création du barrage seraient, quant à eux, consacrés aux alternatives énergétiques bien moins impactantes, dont celles présentées durant la concertation.
Alors que l’hydroélectricité ne peut pratiquement plus augmenter sur l’ensemble du territoire métropolitain, la priorité est en réalité au développement du solaire qui doit être multiplié par 3 d’ici à 2050 !
Qui plus est, la CNR dispose de toutes les compétences en interne pour équiper en panneaux solaires les toitures ou des ombrières sur les parkings déjà existants. Résultat ? Autant d’énergie produite que Rhônergia, pour a minima 90 millions d’euros de moins et 20 fois plus de créations d’emplois !

Tous les kWh ne sont ni bons ni possibles à prendre !

Comme rappelé par les garants lors de la concertation préalable, l’État devra choisir de poursuivre les études ou d’abandonner le projet en tenant compte des contraintes techniques, économiques, sociales, politiques et environnementales.

Alors que la CNR prétend que tout kWh qui peut être produit, doit être produit, quels qu’en soient les impacts, les associations, collectivités et citoyen·nes réuni·es contre ce projet rappellent au contraire la priorité qui doit être donnée à la préservation du dernier tronçon naturel du Rhône, le « dernier sanctuaire du Rhône libre ». Rhônergia signifierait la destruction définitive et non compensable de ce milieu naturel unique et d’importance européenne.

Est-ce-là le signal que la France veut envoyer à ses populations et à ses collègues européens en guise de protection de la biodiversité, annoncée comme priorité nationale par le Président de la République ? Pour le bien de notre génération et de celles à venir, sauvons le dernier sanctuaire du Rhône libre, mettons enfin l’intérêt général au service du vivant et ne sacrifions pas la qualité de l’eau potable de millions de personnes pour quelques KWh !

Des candidats aux élections européennes se sont prononcés

Nous avons sollicité les candidat·es aux élections européennes pour les alerter sur les conséquences funestes de la réalisation du projet de barrage Rhônergia. À ce jour (03/06/2024) les listes suivantes nous ont répondu pour nous signifier leur opposition ferme à ce projet et nous les en remercions :

  • L’union populaire – La France insoumise
  • Réveiller l’Europe -Place Publique – Parti Socialiste
  • Écologie au centre
  • Europe Territoires Écologie
  • Les écologistes – Europe Écologie les Verts

Contacts presse

  • Lo Parvi Laurent Cogérino :
  • Collectif Stop Barrage Rhonergia:

Qui sommes-nous ?

Face au péril du projet Rhônergia, un front associatif et citoyen s’est spontanément constitué, réunissant FNE, Lo Parvi, LPO, les pêcheurs de l’ARPARA et le collectif citoyen Stop Barrage Rhônergia afin de faire barrage au barrage et que l’intérêt général soit enfin au service du vivant.