Le 2 juin 2023, en marge de l’inauguration du Refuge LPO des jardins de la maison du Parc Naturel Régional des Monts d’Ardèche à Jaujac, répondant à une alerte du Président de la LPO Allain Bougrain Dubourg, Monsieur le préfet de l’Ardèche a confirmé son refus tacite d’accorder un permis de construire éolien dans la forêt de Bauzon. La LPO est satisfaite de cette décision de bon sens qui respecte les enjeux paysagers et écologiques de la forêt de Bauzon.
Ce projet, constitué de 7 éoliennes d’une hauteur maximale en bout de pâle de près de 200 mètres au-dessus du terrain naturel, et des installations connexes (route d’accès, postes de livraison et réseaux électriques) aurait eu une emprise de plus de 74.000m², essentiellement en milieu boisé. Le déboisement envisagé portait sur près de 8 hectares.
Il a fait l’objet d’un avis défavorable de la part du Parc Naturel Régional des Monts d’Ardèche car situé en « zone orange » de forte sensibilité sur le guide de développement de l’éolien du Parc qui exige le respect de cinq conditions non réunies ici*.La zone d’implantation est située au sud-ouest du col de la Chavade et a été identifiée dans le plan de Parc comme un « point de vue remarquable et col à valoriser et à préserver de tous éléments dépréciateurs« . Les enjeux paysagers depuis le col de la Chavade sont majeurs, et les risques de saturation avec les parcs existants soulignés. Le site fait partie du réseau des forêts anciennes identifiées dans le Parc naturel régional des Monts d’Ardèche.
De son côté, sans fermer totalement la porte, le Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel (CSRPN) a posé un grand nombre de conditions, exigeant que le dossier lui soit à nouveau soumis. Il a notamment relevé l’absence d’étude sur les effets cumulés avec les autres parcs éoliens déjà implantés, risquant de rendre le territoire « très défavorable pour certaines espèces d’oiseaux ou de chiroptères« . Rajoutant que « l’impact possible pour les espèces de rapaces volant à haute altitude et utilisant les courants ascendants n’est pas abordé de manière précise ». Le CSRPN a également regretté la faiblesse des inventaires d’insectes (entomofaune), l’absence de précision sur les raccordements envisagés et travaux inhérents, les effets du défrichement de la hêtraie sapinière etc.
Le secteur visé par le promoteur abrite un cortège d’espèces caractéristiques des milieux boisés et ayant pour certaines une importante valeur patrimoniale. Le projet est préjudiciable au maintien de certaines espèces floristiques sensibles inféodées à ces milieux, notamment la Buxbaumie verte. Des risques non négligeables sont à souligner pour les rapaces et notamment pour la Chouette de Tengmalm espèce rare et protégée dont l’habitat potentiel concerne la quasi-totalité de la zone éolienne. La LPO rappelle également que ce projet aurait été situé à quelques kilomètres seulement de l’une des rares aires de nidification de l’Aigle royal du département de l’Ardèche.
Le « saucissonnage » des projets de parcs éoliens facilite sans doute leur acceptation, mais ne permet pas de bénéficier d’une appréciation globale sur leurs impacts paysagers et écologiques, notamment par l’effet de barrière sur les oiseaux migrateurs, la réduction des territoires de chasse des rapaces et les effets cumulés sur la faune, qui restent trop souvent négligés voire oubliés par les développeurs.
Sans compter que l’accroissement du trafic local routier attendu était d’environ 1780 camions pendant la durée des travaux estimée à deux ans.
Pour Marie-Paule de Thiersant, Présidente de la LPO Auvergne-Rhône-Alpes : « Le recours aux énergies non carbonées est essentiel ; la LPO ne peut qu’être favorable a priori au développement d’éoliennes. Mais pas n’importe où et pas n’importe comment, et surtout pas au détriment de la biodiversité. La lutte contre le réchauffement climatique et la reconquête de la biodiversité sont indissociables« .
* Conditions posées par le PNR en zone orange :
- Garantir le maintien d’une identité territoriale fondée sur des paysages remarquables
- Une attention particulière doit être accordée à la question de la co visibilité entre les projets
- L’impératif intercommunal est une condition nécessaire à la mise en œuvre des projets
- Dans un souci de solidarité territoriale, une répartition optimale des ressources financières de l’éolien devra être recherchée
- L’existence d’une concertation menée par la collectivité, et associant tous les acteurs locaux
Contact presse : Louis Granier, Président de la LPO de Drôme-Ardèche :