Le juge du tribunal administratif de Grenoble a rendu son verdict. Il ordonne, en référé, la suspension de l’autorisation de la retenue d’altitude sur le plateau de Beauregard à la Clusaz.
La décision est claire : « L’intérêt public qui découle de la réalisation d’une retenue collinaire essentiellement destinée à assurer l’enneigement artificiel de la station est insuffisant à remettre en cause l’urgence qui tient à la préservation du milieu naturel et des espèces qu’il abrite« .
Le signal envoyé aux communes et stations de montagne est sans appel. La production de neige artificielle pour gagner quelques années sur le changement climatique et prolonger le modèle du « tout ski » ne peut pas justifier la destruction d’habitats, d’espaces naturels et d’espèces protégées.
C’est un soulagement pour l’ensemble des associations, collectifs et habitants investis depuis deux ans contre ce projet, alors que les travaux étaient imminents. Le dossier pourra maintenant être étudié en détail par la justice, afin d’aboutir à un jugement au fond sur l’ensemble des points contestés par les associations.
Ce projet de retenue d’altitude incarne la maladaptation des territoires de montagne au changement climatique. Miser uniquement sur un prélèvement accru de la ressource en eau pour faire perdurer le loisir du ski sans rechercher de solutions alternatives, le tout en sacrifiant zones humides, faune, flore et espaces d’exception dont la destruction est irréversible et inacceptable.
Cette pause doit être l’occasion d’ouvrir le débat nécessaire et urgent autour de l’avenir de nos territoires de montagne et de la ressource en eau, avec l’ensemble des acteurs : élus, citoyens, associations, entreprises, monde agricole, administrations territoriales.
Ces projets sont source de divisions, de conflits, et compte tenu de leurs coûts financiers et écologiques, ne peuvent plus faire l’économie d’une réelle concertation démocratique en amont de leur conception…