La semaine dernière, la commune de Thonon-les-bains a entrepris des travaux dans le cadre du réaménagement des espaces verts du talus du Belvédère. Ces travaux comprenaient notamment d’importantes interventions d’abattages ou de tailles d’arbres. Ces dizaines de coupes, réalisées en plein cœur de la saison de reproduction de nombreuses espèces animales n’ont pas manqué de faire réagir fortement une partie de la population, aussi bien sur le terrain que sur les réseaux sociaux. Des images de nids emplis d’œufs, détruits ou abandonnés au sol ont notamment, et à juste titre, choqué. La LPO a été régulièrement sollicitée sur ce dossier depuis.
Cette triste situation, qui est malheureusement loin d’être un cas isolé, nous rappelle que nous ne vivons pas seuls sur cette planète et ce même au cœur de nos villes. Le sauvage se fait une place dans nos cités et avec lui apparait une responsabilité d’agir en tenant compte de ses besoins. S’il ne s’agit pas de sanctuariser le moindre noisetier ou pissenlit, nous humains, avons aussi nos besoins; il serait tout de même temps d’enfin limiter les dégâts collatéraux et d’envisager la faune et la flore sauvages urbaines non plus comme des variables à maitriser, mais comme des richesses à préserver et valoriser. La biodiversité est menacée, le statut de conservation d’espèces communes inquiète et la communauté scientifique renouvelle régulièrement ses alertes*. Il n’est plus possible aujourd’hui de feindre l’ignorance.
Pourtant, en organisant ses travaux en plein mois d’avril, la commune de Thonon-les-Bains a démontré son manque, à minima, de connaissances basiques, ou pire de conscience et d’intérêt, pour ces questions. Les dégâts causés par ces abattages sur les oiseaux, insectes et mammifères du site étaient parfaitement anticipables et évitables. Il aurait simplement fallu les programmer plus tôt cette année. Profitons donc de la lumière mise sur ces tristes faits pour rappeler, une fois de plus**, les quelques règles élémentaires de l’accueil de la biodiversité dans les espaces verts :
– s’intéresser aux espèces présentes, à leur écologie et à leurs besoins,
– limiter au maximum les interventions sur la végétation (coupes, tailles…) lors de la période de reproduction entre mars et juillet,
– ne pas utiliser de produits phytosanitaires ou de pesticides,
– privilégier les végétaux sauvages et indigènes pour les plantations,
– adapter l’entretien aux usages en laissant des zones refuges.
Le mal est fait pour les nids du talus du Belvédère… Néanmoins la nature est résiliente : les couples de merles peuvent se lancer dans une nichée de remplacement et les humains peuvent apprendre. Pragmatique, la LPO propose son expertise et ses conseils aux communes qui souhaitent bien faire. La porte est donc ouverte pour les équipes des services techniques de Thonon-les-bains, à condition d’être prêts à remettre en question les pratiques d’hier.
* voir les rapports de l’IPBES, équivalent du GIEC pour la biodiversité et les travaux du MNHN ou du CNRS.
** le programme des refuges LPO qui conseille particuliers et collectivités sur l’accueil de la biodiversité au sein des parcs et jardins a fêté son centenaire en 2021
Photos : Collectif « Sauvez Thonon »