Depuis le 30 octobre dernier, comme toutes les autres activités associatives bénévoles, la chasse de loisir, ouverte depuis le 13 septembre, est provisoirement suspendue dans les 12 départements de la région Auvergne Rhône-Alpes.
C’est un répit inattendu, mais malheureusement temporaire, pour la faune sauvage et notamment pour les 20 espèces en mauvais état de conservation dont tous les galliformes de montagne, la caille des blés, la tourterelle des bois, l’alouette des champs ou le vanneau huppé…
Cependant, par différents arrêtés en lien avec la circulaire ministérielle du 31 octobre, les préfets de la région AuRA ont autorisé depuis le week-end dernier la reprise de la chasse du sanglier et du cerf, ainsi que, dans la plupart des départements, du chevreuil. Dans plusieurs départements, la chasse du renard à l’occasion de la battue est également autorisée.
Environ 110.000 chasseurs ont ainsi été autorisés à reprendre leur arme, seuls ou en battue.
Les commissions départementales de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS) qui devaient être consultées comme précisé dans la circulaire ministérielle, ont été totalement ignorées ou interrogées dans des délais ne permettant ni le recul, ni la réflexion, ni le débat.
Certes, les chasseurs s’avèrent incapables de maîtriser les populations de sanglier et sur certains secteurs, les dégâts agricoles peuvent être importants.
Cependant, la suspension temporaire pendant quelques semaines ne compromet pas toute la saison de chasse.
La chasse en battue du sanglier est ouverte durant 7 mois et demi durant l’année (du 15 août au 31 mars). Celle du cerf et du chevreuil est ouverte environ 5 mois et demi (du 12 septembre au 28 février).
Toutes les alternatives n’ont pas été examinées comme le report de la pression de la chasse au sanglier sur les mois de janvier à mars, qui sont habituellement beaucoup moins chassés ou encore une ouverture limitée aux secteurs les plus impactés par les dégâts agricoles, ou l’aménagement des plans de chasse triennaux pour le cerf et le chevreuil…
En cas d’urgence, le Préfet dispose toujours de la possibilité d’organiser des chasses administratives sous la direction et le contrôle de la louveterie et des agents de l’OFB.
Enfin, la poursuite du piégeage et le tir du renard sont parfaitement inutiles. Le renard est encore une fois stigmatisé et aucun intérêt public ne le justifie.
Ces dérogations conduisent aussi les autorités publiques à mobiliser des agents pour contrôler les chasseurs et prendre en charge les accidents.
Par solidarité avec l’ensemble de la population soumise aux règles du confinement et alors que le pic de l’épidémie n’est pas encore atteint, la LPO AuRA s’interroge aussi sur l’efficacité des mesures sanitaires prévues par ces arrêtés et le risque important de créer de nouveaux foyers de contamination et de faciliter la circulation du virus.
Elle souligne notamment :
Chacun peut constater l’empressement avec lesquels les pouvoirs publics prennent en compte (en 24h !) les demandes du monde de la chasse, tandis que bien d’autres situations économiques, sociales et culturelles beaucoup plus préoccupantes pour la société sont ignorées.
Bien que la LPO AuRA assure de très nombreuses missions d’intérêt public majeur dans le cadre de la reconquête de la biodiversité et de la faune sauvage, elle n’a, quant à elle, bénéficié à l’heure actuelle d’aucune dérogation au confinement pour assurer la poursuite de ses nombreuses missions et activités bénévoles.
Dans cette période sanitaire difficile, la LPO AuRA s’associe à celles et ceux qui fournissent un effort collectif et solidaire pour permettre à toutes et tous – et non seulement à quelques-uns – de retrouver rapidement l’accès aux espaces naturels et à cette faune sauvage qui est notre patrimoine commun et indivisible.